Transformers 2 : La Revanche

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Scénario indigent, effets spéciaux très/trop mécaniques, cette satire involontaire des États-Unis prête à peine à sourire. En plus, c’est bruyant.

La seule façon de ne pas repartir fâché(e) d’une projection de Transformers 2 : La Revanche, c’est de lire, à travers ce magma bruyant, grossier et interminable, une satire involontaire des États-Unis. Idolâtrie de la bagnole (et des symboliques nœuds-nœuds, c’est le cas de le dire, s’y afférant), guéguerre entre le Bien et le Mal sur fond d’opérations militaires, femmes lascives ou hystériques mais de toute façon accessoirisées : sans doute vaut-il mieux en rire, puisque l’ineffable Michael Bay nous balance ça plein pot. Virilement. Sans une once de second degré, alors même qu’il croit s’essayer, parfois, à l’humour (au détriment bienveillant de la famille, autre valeur-refuge de l’idéologie US). S’il y a bien un concept que ce money maker d’Hollywood ignore, de toute façon, c’est le doute !

À sa décharge, ce second volet ne fait rien moins que poursuivre le combat engagé, avec succès en terme de recettes et d’entrées, dans le premier. Nous voilà donc prévenus. Certes, il amplifie, exagère et grossit le trait et les effets (46 modèles de robots-transformers contre une quinzaine en 2007, ouais…), suite oblige… surtout dans le domaine du film d’action (ça fait partie du cahier des charges). Mais du coup, mine de rien, il invente une nouvelle forme de vertige existentiel avec ce blockbuster décomplexé : la caricature de la caricature. Jugez plutôt…

Un scénario indigent : pour l’essentiel, deux années ont passé, et maintenant Sam (le jeune héros) aimerait bien aller à la fac comme tout le monde, sauf que bon, la menace gronde à nouveau et il est le seul à pouvoir faire triompher le Bien contre les forces du Mal (pour toute réclamation effarée, s’adresser au producteur Steven Spielberg). Et puis une réalisation non seulement épuisante de frénésie banale mais à contresens : comment peut-on filmer de façon aussi mécanique, donc impersonnelle, ces ballets de chrome, de jantes et d’acier ? Au mieux, Michael Bay a emprunté des gants de boxe, ce qui, convenons-en, n’est guère commode pour diriger une armée de véhicules dévastateurs (le Devastator, qui porte bien son nom, a une hauteur équivalente à un immeuble de 10 étages).

Que dire, par ailleurs, des figures féminines, comme rarement stéréotypées, qui traversent cette mâle histoire ? La mère, d’abord, castratrice et hystérique. Comme d’hab’… La fiancée ensuite, la mèche savamment non coiffée, la bouche durablement humectée, la cuisse et le soutif systématiquement exposés, elle prend la pose (essoufflée, forcément) même dans les dédales les plus souterrains des pyramides égyptiennes… Cela étant, il doit être rassurant pour Megan Fox (et ses parents) de se dire que si sa carrière au cinéma s’enlise, elle aura toujours la possibilité de rafraîchir l’imaginaire des camionneurs en posant pour Playboy

Non, de fait, le seul regret que l’on puisse formuler au terme de 2h31 de « vroum-vroum » assez incompréhensibles, c’est que l’immense John Turturro, acteur fétiche des frères Coen et guest star improbable de cette beauferie assumée, ne parvienne pas (même lui) à rendre supportable ce jeu bêta pour garçons pré-pubères. Même pas drôle, finalement.

Titre original : Transformers: Revenge of the Fallen

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Durée : 151 mn


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