The Wig (Gabal)

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Du haut de sa chambre d’hôpital, Sun-Hyun jette un regard vide de solitude, sans la moindre parcelle de vie, sur une mégalopole coréenne en pleine effervescence. Puis elle se retourne et contemple ce qu’elle s’imagine être sa prochaine fin, quand son père ramassera les dernières affaires de sa fille morte. Sun-Hyun semble compter le temps […]

Du haut de sa chambre d’hôpital, Sun-Hyun jette un regard vide de solitude, sans la moindre parcelle de vie, sur une mégalopole coréenne en pleine effervescence. Puis elle se retourne et contemple ce qu’elle s’imagine être sa prochaine fin, quand son père ramassera les dernières affaires de sa fille morte. Sun-Hyun semble compter le temps qui lui reste à vivre avec une fatalité certaine. A côté d’elle, sa sœur Ji-huyn, muette suite à un accident de voiture, fait tout son possible pour lui redonner un semblant de dignité.

Un jour, elle lui offre une longue et lisse perruque noire, destinée à couvrir son crâne rasé après à la chimiothérapie. D’abord réticente au port de cette perruque, Sun-hyun finit par l’essayer. Et là, un changement radical s’enclenche. La jeune femme retrouve sa sexualité et sa vitalité. Mais elle devient aussi de plus en plus mesquine, perverse, cruelle. Reste alors à percer le mystère de cette perruque et à éclaircir le brouillard macabre qui entoure toute cette histoire…

Premier film du cinéaste coréen Shin-Yun Won, The Wig (La Perruque) reprend une trame déjà maintes fois exploitée par des films d’épouvante, des plus célèbres (Christine en passant par Chucky) au plus proche ( The Red Shoes, passé à Gerardmer en 2006). A savoir celle de l’objet matériel possédé par une puissance démoniaque. La grosse faiblesse du film réside donc vraiment à hauteur du scénario, extrêmement convenu et à la structure déficiente car si deux histoires sont imbriquées, celle de Sun-Hyun est beaucoup plus approfondie que l’autre.

Le récit multiplie les facilités et les invraisemblances (pourquoi diable la petite sœur décide-t-elle si tard de résoudre l’énigme ?…). Chose assez incompréhensible, certaines scènes n’ont aucun rapport apparent avec l’histoire, comme celle où la petite fille au-dessus du camion provoque l’accident de voiture de Jin-Hyun. De plus, la résolution de l’intrigue est bâclée en 10 petites minutes avec une succession de flash-back sans queue ni tête. Le dénouement, d’une lourdeur harassante, résume d’ailleurs bien un des problèmes du scénario, avec une surabondance d’indices et d’informations dont on ne perçoit pas bien l’intérêt.

L’ambition de The Wig reste de faire peur, de créer une ambiance lourde et effrayante. Malheureusement pour le cinéaste, c’est raté. La peur ici n’existe pas à un état permanent, elle n’est provoquée que ponctuellement, par des sons imprévisibles par exemple. Il s’agit plus d’effets de surprise que d’une vraie sensation de peur. La surabondance d’effets ne fait que rendre encore un plus lourd le film. Quelques scènes gores sont un peu gratuites (la séquence du cerveau à l’hôpital). Le récit est en plus appuyé par une musique « à l’eau de rose » bien trop présente, qui renforce un pathos déjà assez ridicule.

Les seules véritables bonnes choses du film sont à tirer de la qualité de la réalisation, avec beaucoup de maîtrise dans les différents panoramiques et autres travellings (comme le montre le beau plan-séquence dans une boîte de nuit). Le jeu de contraste entre le silence ( Jin-Hyun est muette) et le bruit est exploité de manière intéressante. On notera également une très belle photographie, certains très beaux plans, étudiés et pensés, et quelques scènes vraiment horrifiques de très bonnes factures, en particulier celle où Jin-Syun rêve de sa petite sœur, celle-ci n’ayant plus de visage, et l’épisode de l’usine à perruques avec son amoncellement de cheveux de mannequins. Ces scènes sont les deux seules où maîtrise de la réalisation, tension dramatique, sensation de peur et traitement original du thème coexistent.

Cette série B aurait donc pu prétendre à un meilleur rendu si l’histoire avait été mieux menée. Dommage, car The Wig bénéficie d’une très belle mise en scène, qui montre un certain talent de plasticien de la part du cinéaste. Mais difficile pour lui de s’en sortir, tellement le scénario était… tiré par les cheveux…

Titre original : Gabal

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Durée : 105 mn


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