Sauvage

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Un premier long métrage qui capte avec intensité la vie d’un jeune prostitué en quête d’amour.

Une chose au moins n’a pas changé sous le soleil et au festival de Cannes. Dans toutes les sections, les êtres humains recherchent l’amour, et sous toutes ses formes. En compétition pour la Semaine de la Critique, le premier long métrage de Camille Vidal-Naquet ne déroge pas à cette règle puisqu’il retranscrit presque minutieusement la vie « sauvage » d’un jeune et beau garçon qui se livre à la prostitution. Le rôle titre a valu d’ailleurs le prix Fondation Louis Roederer de la Révélation à l’acteur principal, Félix Maritaud, qu’on avait déjà remarqué l’année précédente dans 120 battements par minute (Robin Campillo) et qui le mérite haut la main tant il n’a pas peur d’exhiber son corps sous toutes les coutures, dans des actes nécessités par son travail et sa recherche frénétique et quasi-obsessionnelle de l’amour.

 

 

Même s’il peut mettre mal à l’aise par son côté naturaliste, le film de Camille Vidal-Naquet tente pourtant d’aborder avec sérieux la damnation du manque d’amour et d’affection dans notre monde et, plus généralement, dans les différentes sociétés humaines. « L’amour physique est sans issue », on le voit bien tout du long, mais ce n’est pas ce que recherche cette sorte de pénitent des temps modernes. Leo, 22 ans, recherche l’amour sous toutes ses formes, la liberté et l’aventure. C’est en fait pour cela que ce film coup de poing, dernière découverte de la Semaine (et qui fera peut-être l’affiche de l’édition de 2019), choque, scandalise et émeut en même temps.

Ce n’est bien sûr pas la première fois qu’on donne à voir des prostitués masculins, mais Sauvage va plus loin encore dans la démesure que les films undergrounds de Warhol et de Morrissey, même si on y sent parfois leur influence par ce naturalisme présenté comme une évidence, mais aussi par cette poésie sulfureuse qui s’en dégage. « Quand on dit « faire une passe », écrit dans le dossier de presse Camille Vidal-Naquet qui est aussi professeur de cinéma, on évite de nommer précisément l’acte sexuel. C’est une réalité dont on connaît l’existence, sans en avoir de représentation concrète. » Ces travailleurs invisibles qui hantent la nuit les bois et les périphéries, le réalisateur les fait vivre ici de façon sauvage, avec leurs rêves et leurs peurs.

Titre original : Sauvage

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Durée : 99 mn


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