Préférant souvent les images aux sons, la bande son et le travail de l’ingénieur du son paraissent souvent laissés pour compte par les critiques, et par les spectateurs. Rouge comme le ciel leur rend hommage, et ce n’est pas non plus son seul mérite. En racontant l’histoire de Mirco, qui perd la vue à l’âge de dix ans et qui va se retrouver dans un Institut spécialisé de Gênes loin de la douceur de vivre de son village, de l’amour de ses parents et des séances de cinéma dont il était fan avec son papa, Cristiano Bortone tisse une histoire quasiment universelle qui parle d’amour, de ténacité et de solidarité. Par un hasard tel qu’il en survient souvent dans la vie, mais qu’on ne sait pas toujours exploiter, Mirco va découvrir un magnétophone qui va transformer sa vie. Alors que l’institut, religieux et rigide, tenu par la main de fer d’un directeur lui-même mal-voyant et borné, ne propose aux enfant que des métiers subalternes de tisserand ou de standardiste, Mirco avec l’aide d’un prêtre, de la dame préposée à l’entretien et surtout de la fille de la gardienne va tenir bon et réaliser son rêve.
Ici, se déroule pourtant sous nos yeux, la démonstration brillante de ce que serait le monde sans qu’on puisse le voir, seulement s’en souvenir ou l’imaginer. Sur ce thème qui n’aurait pas déplu à Socrate, le film propose mine de rien des pistes pour comprendre le monde, d’où l’allégorie du colin-maillard et du spectacle de fin d’année scolaire auquel les parents assistent les yeux bandés. Pour une fois, le son est roi et les enfants aveugles et mal voyants du film font le mur de l’institut, comme dans un film de Truffaut, pour aller assister à la projection d’un film comique. C’est sans doute une des plus belles leçons de ce film, qui nous dit en substance de ne jamais désespérer et de voir l’invisible avec ses oreilles et son cœur.