Reviens-moi

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Après Orgueil et Préjugés, Joe Wright revient dans l´Angleterre des années 30, entre amour et déchirement. Un film séduisant, but…

« Come back, come back to me ». Ces quelques mots résonnent encore dans la salle, comme un petit sentiment d’agacement, lorsque les lumières se rallument. Cette phrase que Cecilia ne cesse de répéter, de susurrer, de marteler. Tout comme ce bruit que fait la machine à écrire de Briony qui s’emballe et rythme le récit. Les idées intéressantes ne sont ici que trop utilisées. Joe Wright use et abuse de ces procédés qui sonnent juste au début mais finissent par lasser, à l’image du film lui-même.

Dommage, car la première moitié du film est des plus réussies. L’histoire accroche, suscitant l’intérêt et la curiosité ; la photographie, quant à elle, est sublime. Les éléments semblent donc réunis et prometteurs.

Le récit se déroule dans les années 1930, au cœur d’une grande et belle demeure anglaise que l’on pourrait croire tout droit sortie d’un roman d’Agatha Christie. De même, l’ambiance ne lui parait pas être étrangère : l’atmosphère intime et intimiste au sein de laquelle un drame gonfle, gonfle… puis explose pour se révéler enfin au grand jour dans la nuit noire de la campagne anglaise, est une belle réussite.

Le souffle coupé, on attend impatiemment la suite. Malheureusement, celle-ci ne vient pas, ou plutôt mal. Toute la deuxième partie se déroule durant la guerre, sur le front ou ailleurs, et est plutôt ennuyeuse. Oscillant entre musique lente où les violons appellent les mouchoirs à se déplier, atrocités de la guerre et repentance à l’extrême de certains personnages, le film donne l’impression de perdre pied. Comme si l’histoire dans une sphère intime avait beaucoup à dire, mais une fois placée sur la scène internationale, dans un contexte qui la dépasse, cette dernière ne semble plus savoir ni où aller, ni comment se dérouler.

L’ouverture qui promettait beaucoup, et dont l’apothéose est atteinte grâce à la scène de la bibliothèque, est trop vite rattrapée par une histoire floue, presque inexistante, et une caméra lourde, insistante, qui oublie sa légèreté du début. De plus, le titre français, Reviens-moi, parait bien étrange en comparaison au titre original, Atonement, qui signifie expiation (tout comme le titre du livre dont le film fait l’adaptation). En gardant ce dernier, on se serait sans doute plus attendu et préparé à ce chemin de croix qui n’en finit plus et dont la morale s’avère un tantinet exagérée, voire surfaite.

Un film quelque peu maladroit qui ne finit pas aussi bien qu’il avait commencé. Dommage, les promesses étaient belles…

Titre original : Atonement

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Durée : 130 mn


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