Pioneer

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Belle illustration du monde caché des tractations commerciales mondialisées dans ce thriller, dont George Clooney a acheté les droits.

Comment ce petit pays européen, la Norvège, est-il devenu l’un des plus riches du monde ? En découvrant et exploitant un gisement de pétrole sous-marin incroyable et inespéré. Mais tout ne s’est pas fait sans problèmes, ni péripéties. Le mot est d’ailleurs un peu faible puisque tout le film tente de faire la lumière sur un imbroglio qui a envenimé les relations américano-norvégiennes pendant des années.
Sur un sujet éminemment économique et politique, Erik Skjolbjaerg, cinéaste norvégien en route pour Hollywood et heureux réalisateur d’Insomnia en 1997, de Prozac Nation en 2001, puis de Hold up en 2010, tient un sujet encore une fois propice à mettre en images la claustrophobie et la paranoïa qui semblent familières à la plupart de ses films. Il faut dire que le sujet s’y prête parfaitement puisqu’il s’agit à la fois d’une histoire sous-marine avec plongeurs et traquenards, et espionnage industriel couplé à de sombres règlements de compte et empoisonnements. On assiste alors à une sorte de thriller mi-politique, mi-psychologique où il ne faut pas s’assoupir de peur d’en perdre le fil. D’après le film et son réalisateur, pour schématiser, il semblerait que le monde se partage en deux : d’une part, les plongeurs qui sont comme des sportifs de l’extrême qui veulent faire reculer leurs limites et, d’autre part, les machinations économiques qui pourrissent la vie et le monde. "Parallèlement, nous racontons l’histoire, déclare Erik Skjolbjaerg dans le dossier de presse, d’un point de vue d’un plongeur qui découvre la lutte de pouvoir entre le gouvernement norvégien et les grands groupes pétroliers mondiaux concernant le contrôle du pétrole off-shore." Du coup, on comprend mieux pourquoi les voitures, entre autres, ne sont pas passées à une autre énergie moins polluante, vu les enjeux macro-économiques liés au pétrole !

 

Il faut alors prendre sans doute ce film comme une métaphore entre l’apparent et le caché, le pétrole caché dans les entrailles de la mer et de la terre, qu’il faut aller chercher, traquer, puiser, faire remonter à la surface et dont les installations polluent, même visuellement, les magnifiques paysages des fjords norvégiens, c’est comme le retour du refoulé. C’est comme la preuve des méfaits du capitalisme qui est comme un monstre engendré par la folie des hommes pour s’autodétruire. On trouvera peut-être ce parallèle un peu osé, mais pourquoi pas ? Le réalisateur n’a pas l’air de s’en cacher même s’il va retourner travailler pour Hollywood, ce qui ne semble pas incompatible. Et ce n’est pas fini puisqu’il semblerait que George Clooney himself ait acheté les droits de ce film norvégien. On ne sait pas encore s’il réalisera un remake mais cette option prouve encore une fois son attachement à la filmographie d’Erik Skjoldbjaerg, puisqu’il était déjà producteur du remake d’Insomnia, signé par le réalisateur Christopher Nolan (2002). Et ce film était déjà basé sur une narration subjective, du point de vue du personnage principal comme c’est le cas ici, par les yeux du plongeur qui découvre un complot qui dépasse tout le monde. Le tout accompagné par la musique planante du duo français Air, déjà honoré par Sofia Coppola pour Virgin Suicides, et qui a été séduit par l’univers et l’histoire du film Pioneer. « Nous avons été séduits, déclarent les musiciens, par le monde industriel-aquatique de Pioneer. Le fait que le film soit tiré de faits réels a permis de rendre notre travail musical encore plus intense. En dehors de cela, c’est vraiment intéressant de transformer de belles images de plongeurs qui flottent dans l’eau en aventure sonore. » Tout en restant très éloigné de l’univers matriciel du Grand Bleu (1988) de Luc Besson et de la musique d’Eric Serra.
 

Titre original : Pioneer

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Durée : 106 mn


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