Le film offre deux solitudes dont les journées vides se passent à attendre. Le titre mexicain est plus explicite que cette étrange anglicisation choisie pour la sortie française (puisque le nom réel du motel dans le film est Motel Palma Real et non Palma Real Motel) : Las Horas muertas, les heures creuses. La brève et naissante relation entre les deux personnages est touchante, mais le film manque parfois un peu de nerf, voire de personnalité. Pour un beau plan, beaucoup de choses semblent aléatoires. Le mexicain Aaron Fernandez, dont c’est le second long métrage, pourrait très bien filmer tout autre chose. Pas tellement que les plans apparaissent comme du remplissage, mais on sent souvent comme une absence de volonté, de désir véritablement. Le réalisateur met en avant l’envie d’un film d’atmosphère, presque d’ambiance. Mais plus que la langueur, c’est une sorte de laisser-aller qu’il dégage et malheureusement Palma Real Motel semble parfois avoir autant d’énergie et de volonté que son personnage principal.
Le film est pourtant loin d’être désagréable, ni même raté. Il présente de belles idées et intuitions comme l’insistance sur la vie professionnelle de Miranda et les appartements d’un lotissement qu’elle ne parvient pas à vendre, comme un modèle de vie qu’elle-même ne peut obtenir. Elle semble coincée dans sa vie à l’image de la vue bouchée de la fenêtre des chambres ouvrant sur un mur qu’elle tente de vendre. Le personnage et sa situation sentimentale sont classiques, pour ne pas dire clichés, mais traités avec soin et tendresse et servis finement par Adriana Paz. C’est son regard qui relève un film lui-même sauvé et embelli par sa fin. Sans mots, sans insistance et sans ambages, Aaron Fernandez vient sceller le destin de ses personnages et leur esquisser une nouvelle voie. Quelques jours ont passé et de nouveaux chemins se dessinent doucement, hors-champ, hors film comme la reprise en mains de vies à la dérive.