Nous, étudiants

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Nous, étudiants à Bangui entre misère et espoir…

Il faut compter avec le cinéma centrafricain

D’origine congolaise, car ses parents ont fui la guerre et se sont réfugiés en République centrafricaine, Rafiki Fariala est un jeune homme qui s’est fait connaître par la musique et le spam (son premier morceau Pourquoi la guerre a été classé au hit-parade africain) et Nous, étudiants est son premier long-métrage documentaire après Moi Na Mo (Toi et moi), un court-métrage documentaire de 28 minutes qui raconte l’histoire d’un jeune couple attendant un enfant. Depuis, il a déjà écrit le scénario de son prochain film, Congo Boy, de nouveau produit par Makongo Films, dans lequel il voudrait raconter une année très particulière de sa propre vie… Il faudra compter maintenant avec le cinéma centrafricain, comme il le dit si bien.

Un constat terrible

De nos jours en République centrafricaine, Nestor, Aaron et Benjamin sont des étudiants en économie à l’Université de Bangui. Rafiki Fariala, le réalisateur, les a rencontrés en première année, ils ont étudié ensemble, ils ont lutté ensemble et chaque jour inventé des moyens de sur- vivre. Ils ont aussi rêvé de leur avenir ensemble. Les examens approchent. Chacun est à la croisée des chemins. Ce documentaire particulièrement attachant et super mis en images par le réalisateur lui-même qui apparaît aussi dans le film est un manifeste sur la misère des étudiants centrafricains qui fréquentent l’université de Bangui qui tombe en ruines et qui, de plus, sont obligés de faire des petits boulots pour survivre comme on le voit dans le film (notamment vendre du yaourt dans les rues et fabriqués avec des méthodes plus qu’artisanales…). Le réalisateur le déclare lui-même dans le dossier de presse du film : « Je suis moi-même étudiant à l’université de Bangui et j’ai voulu raconter ce qu’est notre vie. Nous étudions dans des conditions assez terribles. Les bâtiments, dont la façade extérieure est repeinte chaque année pour le défilé de la fête nationale, sont tous pourris à l’intérieur. Les bancs sont empilés en tas, les plafonds s’effondrent. Quand il pleut, l’eau coule à l’intérieur. Quand j’étais en première année, nous étions plus de 1000 étudiants dans une même salle de classe. Pour avoir une chance d’entrer dans la salle et d’avoir une table-banc où s’asseoir, il fallait se réveiller à 2h du matin. A 5h, la salle était déjà pleine. Et bien souvent les professeurs ne viennent même pas, car ils préfèrent aller enseigner dans les universités privées où ils sont mieux payés. Alors les étudiants dorment sur leurs bancs, comme des somnambules dans une maison de fous. »

Situation injuste

C’est un constat assez terrible que le jeune réalisateur nous propose et qui n’a rien à voir certes avec la condition des étudiants en France qui, cependant, se dégrade de jour en jour comme si c’était une volonté délibéré planétaire de vouloir rendre la vie difficile à ces étudiants comme ici en Centre-Afrique où ces jeunes gens sont obligés de vivre à plusieurs dans des baraquements sordides, de suivre par de petits métiers sans être sûrs de leur avenir… Il n’est que de voir ce que sont devenus après le film les étudiants qui y sont filmés. C’est une fac sinistrée que Rafiki Fariala nous donne à voir, ce qui est d’autant plus injuste que les étudiants des familles riches ou très aisées partent tous faire leurs études à l’étranger comme il se doit. 

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Durée : 82 mn


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