Mission : impossible – Protocole fantôme

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Faire un bon Mission impossible ? C´est possible !

Après trois épisodes en dents de scie qui divisent encore les plus acharnés – partisan du faux classicisme de palmien contre défenseurs des envolées de pigeons de John Woo, bizarrement les histoires de couple d’Abrams prêtant moins à la discorde – l’affiche du quatrième opus des aventures d’Ethan Hunt a de quoi faire saliver : toujours (qui a dit malheureusement ?!!) Tom Cruise devant et derrière l’écran, JJ Abrams à la production et surtout l’arrivée de Brad Bird aux commandes. Avec le réalisateur du Géant de fer, puis pour Pixar de Ratatouille et de l’incroyable Les Indestructibles, Mission : impossible allait-il enfin être à la hauteur de son générique ? Oui !

Brad Bird la joue classique mais fine. L’intrigue est conventionnelle au possible ? Qu’importe, il surjoue les codes du genre et plutôt que de les faire passer pour réalistes, il les utilise mis comme purs dispositifs. Mission : impossible – Protocole fantôme effectue en ce sens un retour aux origines. Retour du refoulé : la Guerre froide refait surface en plein XXIe siècle. L’agent Hunt est piégé et l’agence Mission : impossible totalement discréditée. Dans ces cas-là, on déclenche le protocole fantôme, comprenez on adopte la politique de l’autruche et la tête dans la terre on fait semblant de ne pas exister. Après tout Tom Cruise est bien assez fort pour sauver la planète d’une attaque nucléaire. A intrigue hors d’âge, personnages conventionnels : le mec qui aurait pas dû se trouver là mais en fait si (Jeremy Renner), le geek promu au rang d’agent tout terrain (toujours génial Simon Pegg), la fille qui castagne et fait office de représentation des minorités visibles (Paula Patton)… Même Léa Seydoux en méchante – française of course – du coin s’en sort bien alors qu’on redoutait le syndrome « Sophie Marceau » catastrophe (Le Monde ne suffit pas). Son personnage est un peu le symbole du film. Il n’existe absolument pas en tant que tel, mais seulement comme image, mémoire de bon nombre de ses prédécesseurs au cinéma : beauté froide et fatale, tueuse à gage chevronnée qui, telle une croqueuse d’homme, se fait payer en diamants. En plein dans les années 60 on vous dit…

S’ensuivent alors des séquences dont le but ultime est moins le développement narratif (Tommy finit toujours par sauver le monde) que le potentiel de plaisir et de spectaculaire qu’elles peuvent receler. Putassier ce Protocole fantôme ? Non, en parfait accord avec son contrat de base : divertir. Et à ce jeu-là, on le sait depuis son passage chez Pixar, Brad Bird est un roi. Mission : impossible en met plein les mirettes. Le réalisateur n’hésite d’ailleurs pas à ralentir le rythme pour profiter et faire profiter de ses effets. Le film est donc visuellement très beau, Bird exploitant chaque décor avec intelligence : pêle-mêle une séquence incroyable de réalité virtuelle au Kremlin, une très swinguante évasion de prison, l’escalade de la tour Burj Khalifa à main gantée, une tempête de sable qu’on sentait poindre, de la voltige dans une usine automobile… La high tech (et le placement de produits, des tablettes tactiles à Dubaï comme top de la destination touristique) est là, mais rien ne vaut le bon vieux système D. C’est qu’à la débauche d’effets, on a préféré ici une certaine simplicité. Impressionner oui ; couper le souffle oui ; mais pas assommer ni abrutir.

Human after all ?

On s’en prend ainsi gentiment à notre héros, moins bêtement héroïque qu’à l’accoutumée : on le fait tomber, mais toujours à côté de son point de chute ; ou on le projette à demi-nu coincé sur une corniche et obligé de faire machine arrière. Protocole fantôme est un peu le pendant inversé de Mission impossible 3. Ethan Hunt y planifiait gaiement un saut dans le vide vers un immeuble immense sous l’œil incrédule de ses coéquipiers. Ici l’escalade sans filet du plus haut immeuble du monde lui est imposée et ne semble pas l’enchanter. Humain Ethan ? Il y a une rationalisation – toute relative car la mission se doit d’être impossible – des actions et des visages. On ne rattrape pas une voiture en courant derrière elle. Bird injecte surtout une dose d’humour bienvenue à l’ensemble à l’image de la classique séquence d’identification oculaire qui se transforme en saut d’obstacle impliquant un train et les blagues de Simon Pegg. Cette rationalisation implique aussi qu’aucun tour de passe-passe scénaristique n’est laissé au hasard quitte à rentrer parfois dans des explications un poil laborieuses.

Si comme trop souvent ces dernières années, le film d’action pêche par sa longueur, sa rencontre avec l’humour et les idées du réalisateur des Indestructibles est une excellente nouvelle. Cela ne fait pas du Protocole fantôme un grand film – il faudrait pouvoir avoir les mains libres pour cela – mais assure un divertissement de très bonne facture qu’il n’est pas si fréquent de voir débarquer sur les écrans. En espérant retrouver Bird à la tête du prochain opus, ne boudons pas notre plaisir. C’est Noël, on a bien droit à un lot de consolation…

Titre original : Mission: Impossible - Ghost Protocol

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Durée : 132 mn


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