Dans la lignée des films sur le vin
Le monde actuel, à la recherche quasi désespérée d’écologie, de pureté et de santé, s’occupe depuis peu de se bien nourrir. Toutes les méthodes sont bonnes, et les officines abondent. Mais, pour le moment, il y a peu de films sur ce sujet. En revanche, le vin a connu ses heures de gloire cinématographique, notamment avec Mondovino de Jonathan Nossiter qui, en 2004, a ouvert le bal ; puis La clef des terroirs de Guillaume Bodin en 2011 ; Vino Business de Isabelle Saporta et Damien Vercaemer en 2014 ; Insecticide mon amour de Guillaume Bodin en 2015 ; même une fiction comique, Saint Amour de Benoît Delépine et Gustave Kervern en 2016 et tant d’autres. C’est dire que la dive bouteille est chère à notre coeur et que le vin est une boisson mythique héritée des dieux de l’Olympe. Il faut donc la respecter. « L’idée de faire ce film m’est venue en exerçant mon métier de caviste à Belleville, explique la réalisatrice dans le dossier de presse. Je souhaitais me ré-approprier le temps, le temps de poser des questions aux vignerons, le temps laissé à mes interlocuteurs pour me répondre et celui de transmettre ces informations et les émotions suscitées par ces rencontres à un plus large public qu’une clientèle de cave. Le film est né de l’envie de « mieux » raconter, de « mieux » partager, de mieux susciter l’envie ! »
Un peu d’air pur
Dans ce documentaire bien photographié par Manon Pietrzak et Aline Geller, la réalisatrice nous convie à un tour de France vinicole à la découverte de celles et ceux qui reprennent les vignes abandonnées pour les arracher aux fabricants de vins chimiques, et pour revenir aux anciens cépages dont certains d’entre eux sont obtenus par des ceps de plus de cent ans d’âge. Comme tous ces documentaires parfaitement argumentés et convaincants, on se laisse facilement entraîner dans ce voyage à la découverte du Jura, du Massif-Central et de quelques autres régions d’une grand beauté où ces jeunes néo-ruraux s’emploient à nous offrir un vin pas trafiqué dont malheureusement plus de 80% de la récolte partira au Japon qui en est friand et qui a lancé la mode du sans pesticide, ou encore dans les bars à vin bobos des grandes métropoles. Alors on fait le tour de caves en écoutant les arguments de tous ces anciens cadres déçus ou ces fils de vignerons lassés de la culture intensive pour assister à de superbes plans sur une nature enfin délivrée du diktat de la productivité. Ils sont décontractés, un peu tatoués, un peu bourlingueurs, on a envie d’y croire à leurs histoires tant tout nous semble gentil, attentionné et même un peu bien pensant, depuis l’entretien du sol avec un beau et gentil canasson très sympathique pour l’une, des méthodes ancestrales de cuves à la manière des jarres enterrées venues de Géorgie pour un autre, ou encore des vendanges qui se passent un peu comme au concert de Woodstock en son temps, la pluie en moins.
La fête de la fin des vendanges
C’est d’ailleurs l’expression du jargon des vignerons pour exprimer la fête de la fin des vendanges qui a donné son titre au premier abord mystérieux à ce film. On aimerait y croire ; d’ailleurs on y croit et on se sent offusqué lorsque l’un de ces jeunes viticulteurs en passant dans ses vignes nous fait remarquer la différence entre une vigne traitée par les pesticides et la sienne dont les ceps donnent des lianes d’un très beau vert qui s’enchevêtrent et qu’il ne coupe pas. Pourquoi certains prennent-ils alors plaisir à nous empoisonner avec leur bibine envenimée. Alors tchin tchin et in vino veritas.