La Grande horloge

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La Grande Horloge aurait-elle mal vieillie ? La réponse est non ! Datant de 1948, ce film de John Farrow est comme le vin, il s’est bonifié avec le temps. Dans ce drame, l’acteur Ray Milland se retrouve seul contre tous, ou presque. Son personnage, George Stroud, est le rédacteur en chef du très fameux […]

La Grande Horloge aurait-elle mal vieillie ? La réponse est non ! Datant de 1948, ce film de John Farrow est comme le vin, il s’est bonifié avec le temps.

Dans ce drame, l’acteur Ray Milland se retrouve seul contre tous, ou presque. Son personnage, George Stroud, est le rédacteur en chef du très fameux « Crimes Magazine ». Amoureux de son travail (plus que de sa femme ?), il n’a pas pris de vacances depuis qu’il travaille pour Earl Janoth, le magnat de la presse. Mais aujourd’hui, c’est décidé, il part en Virginie avec femme et enfant. Alors, que fait-il dans les locaux du journal le lendemain de son départ en vacances, tentant d’échapper à un garde ?

Le film se construit tout autour du protagoniste par le biais d’un immense flash-back, idée subtile et relativement moderne pour l’époque. Ce procédé est intéressant car il nous donne un avantage sur Stroud et nous offre de nombreux questionnements tout au long du film. Comment cette histoire en apparence sans grand intérêt se transforme-t-elle peu à peu en une véritable chasse à l’homme, sans qu’on ne la sente venir ? Le véritable atout majeur du film est là ! Nous connaissons une partie du dénouement mais les chutes narratives du film continuent de nous surprendre tant l’originalité de cette intrigue donne le rythme à cette danse où chaque personnage joue un rôle important et dont notre héros a bien du mal à s’en défaire. Le scénario est admirablement bien ficelé. Pas d’invraisemblances ni de fausses notes. Le suspense gonfle et s’amplifie au fur et à mesure que le récit se déroule. Ce procédé du retour en arrière est selon moi l’élément clef de la réussite du film.

Pour ne rien gâcher, John Farrow soigne sa mise en scène. Il tourne son film en Noir et Blanc afin d’accentuer la tension du récit, cette technique laissant plus de place à l’expression même des personnages. C’est à travers eux que tout se dessine et que l’intrigue prend place. Le reste pourrait sembler à la limite du superflu. D’ailleurs, les décors sont sobres et les pièces semblent presque nues afin de laisser les personnages au premier plan.

C’est évident, les ficelles du polar sont omniprésentes. Charles Laughton incarne un méchant à souhait lui donnant un aspect presque détestable rien qu’avec un rictus de la bouche. Personnage-type du malfrat ayant les pleins pouvoirs (du moins pensant les avoir) et se croyant au-dessus de tout (même de la loi) car immensément riche. Face à lui, le Héros. Totalement intègre mais qui, bien malgré lui, a de gros ennuis. Il se retrouve seul contre tous, sur un chemin semé d’embûches. Mais en bon héros qui se respecte, il a les bonnes idées, les bons réflexes et les bons mots où il faut, quand il faut. Malgré ces figures stéréotypées du héros et du méchant, John Farrow est bien loin de tomber dans les clichés du genre en imposant sa petite touche personnelle qui le démarque.

Certains vieux films, comme on dit, restent de grands classiques. La Grande Horloge en fait partie. Et même si un demi-siècle s’est écoulé, ce film continue de nous surprendre.

Titre original : The Big Clock

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Durée : 95 mn


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