« L’enfance sait ce qu’elle veut : elle veut sortir de l’enfance », affirmait Jean Cocteau. Nic ne dirait certainement pas le contraire. A 12 ans, il tente tant bien que mal de trouver sa place entre un père violent et une mère incapable de faire ses valises une bonne fois pour toutes. C’est l’été, la petite famille loue un emplacement à trois sous, dans un camping de Toscane où résonnent le chant des cigales et les remous de la mer. Comme Antoine Doinel (Jean-Pierre Léaud) dans le film de François Truffaut, Nic fait les quatre-cent coups. Il se bat avec les autres enfants, pénètre par effraction dans la cabane d’un vieux paysan grognon, massacre des lézards, rencontre une jolie demoiselle dont les charmes éveillent en lui des émotions nouvelles.
Le quatrième film de Rolando Colla (après Le Monde à l’envers, Au-delà des frontières et L’autre moitié), que l’on devine en partie autobiographique, décrit les heurs et malheurs d’un pré-adolescent tourmenté, à l’âge des premières amours et des grandes désillusions. Tout comme Libero, de Kim Rossi Stuart, Jeux d’été s’intéresse au point de vue de ce jeune homme, témoin impuissant d’incessantes querelles parentales. Dans Libero, le petit Tommi s’offrait quelques minutes de liberté en se réfugiant sur les toits de son immeuble. Pour prendre de la hauteur et respirer un peu, Nic préfère enfourcher son vélo et rejoindre ses camarades dans une cabane perdue au milieu des champs de maïs. Les scènes de « jeux » sont sans aucun doute les plus réussies du film : en s’adonnant à un cache-cache malsain (les perdants subissent toutes sortes de tortures), les personnages s’acrrochent à leur enfance comme à un paradis définitivement perdu. La violence, la cruauté, le désir, la haine n’ont plus de secret pour eux. Comme dans ses précédents longs-métrages, Rolando Colla parvient à instaurer une atmosphère à la fois sinistre et lumineuse, à l’image de cette plage de Toscane où la violence peut s’estomper et laisser place à la chaleur d’un baiser.
Pourquoi faire compliqué quand on pourrait faire simple ? La chaleur estivale, le vent balayant les épis de maïs, les gouttes d’eau de mer mêlées aux larmes d’un homme-enfant auraient suffi à faire de Jeux d’été un film fort et juste. Dommage.