Jean-Paul Rappeneau

Article écrit par

Si on effectuait un rapide sondage pour désigner le plus grand réalisateur français des quarante dernières années, il est fort probable que le nom de Jean-Paul Rappeneau ne soit pas le plus cité. Le titre lui revient pourtant tout naturellement.

Le style Rappeneau, c’est un mélange de sujet ambitieux et d’une patte bien identifiable, alliant la virtuosité de la comédie américaine à un patrimoine culturel et historique typiquement français.

Maniaque jusqu’au bout des ongles, il fait appel aux plus grands pour mettre la dernière main à ses scripts (Sautet, Dabadie…) pour constamment aboutir à des constructions infaillibles, en dépit de la frénésie des intrigues et des péripéties. Cette exigence a pourtant un prix : Rappeneau n’a réalisé que sept films en près de quarante ans de carrière. A la manière d’un Kubrick, la recherche du sujet parfait chez lui nécessite de plus en plus de temps, l’écart entre les films s’espaçant tout autant. Déjà sept ans depuis Bon Voyage, on espère recevoir bientôt des nouvelles d’un projet à venir car Rappeneau manque vraiment au cinéma français.

Pour ce Coin du cinéphile, la courte filmographie du réalisateur permettra de revenir sur l’ensemble de son œuvre. Grande Histoire, couple en crise et intrigues survoltées seront au centre des Mariés de L’An II, Le Sauvage et La Vie de château. Le goût de Rappenau pour les mots et les grandes œuvres littéraires se dévoilera dans le célèbre Cyrano de Bergerac et Le Hussard sur le toit. Pour finir, nous reviendrons sur deux échecs injustifiés de sa carrière avec le tendre Tout feu tout flamme et le grandiose Bon Voyage, meilleur film français de la décennie passée.

Bonne lecture avant un prochain Coin du cinéphile consacré à John Boorman !

Pays :


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Autopsie grinçante de la « dolce vita » d’une top-modèle asséchée par ses relations avec des hommes influents, Darling chérie est une oeuvre générationnelle qui interroge sur les choix d’émancipation laissés à une gente féminine dans la dépendance d’une société sexiste. Au coeur du Londres branché des années 60, son ascension fulgurante, facilitée par un carriérisme décomplexé, va précipiter sa désespérance morale. Par la stylisation d’un microcosme superficiel, John Schlesinger brosse la satire sociale d’une époque effervescente en prélude au Blow-up d’Antonioni qui sortira l’année suivante en 1966.

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur terminale

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur terminale

En 1958, alors dans la phase de postproduction de son film et sous la pression des studios Universal qualifiant l’oeuvre de « provocatrice », Orson Welles, assiste, impuissant, à la refonte de sa mise en scène de La soif du mal. La puissance suggestive de ce qui constituera son « chant du cygne hollywoodien » a scellé définitivement son sort dans un bannissement virtuel. A sa sortie, les critiques n’ont pas su voir à quel point le cinéaste était visionnaire et en avance sur son temps. Ils jugent la mise en scène inaboutie et peu substantielle. En 1998, soit 40 ans plus tard et 13 ans après la disparition de son metteur en scène mythique, sur ses directives, une version longue sort qui restitue à la noirceur terminale de ce « pulp thriller » toute la démesure shakespearienne voulue par l’auteur. Réévaluation…