La toile de fond d’Infectés n’est pas d’une folle originalité, dans le fond comme dans la forme. L’humanité en proie à l’apocalypse après un virus a été largement exploitée au cours des années 2000. Prétexte à du pur entertainment dans l’efficace L’Armée des morts de Zack Snyder, à de la thèse un peu vaine chez le revenant Romero dans Diary of The Dead ou à un océan de désespoir lors du 28 jours plus tard de Danny Boyle (vers lequel lorgne le plus le ton du film). Contrairement aux films précités, la menace dans Infectés ne prend pas l’aspect de zombies mais d’un virus dont la transmission s’inspire de la paranoïa récente provoquée par la vague de grippes A. Ce dernier point fut également déjà traité dans Les Ruines (un des meilleurs films d’horreur de 2008), où une plante provoquait d’affreux et contagieux dommages corporels sur ses victimes, isolées et soupçonneuses les unes des autres. Malgré ce sentiment de déjà-vu, Infectés s’avère pourtant marquant grâce à de nombreuses autres qualités. La psychologie fouillée des personnages étonne au vu du postulat de départ qui pouvait facilement donner une joyeuse comédie comme Bienvenue à Zombieland ou Shaun of the dead. A la manière des paysages désertiques qu’ils traversent, les héros veulent vider leur esprit de tout tourment mais sont vite rattrapés par les horreurs d’un monde en ruines. C’est tout d’abord un homme et sa fille contaminés qu’ils sont contraints d’abandonner lors d’un instant clé, le reste de l’intrigue n’étant plus qu’une lente descente aux enfers.

En privilégiant l’intime et les personnages au spectaculaire, les frères Pastor réussissent finalement à délivrer un saisissant voyage au bout de la nuit qui trouve sa voie parmi les nombreux avatars du genre. Désormais, les seules traces d’humanité se trouvent dans les diapos d’époque du générique de fin, et non plus dans le cœur des personnages bien vivants, ayant survécu aux événements.