Fright Night

Article écrit par

Dégueulis de vampire en 3D… Trop de la balle !

Les rentrées se suivent et se ressemblent presque. Retour au boulot, courses scolaires et film de vampire en attendant (ou pas) le déferlement romantico-plonplon des suites de la saga d’Edward et Bella en fin d’année. L’an passé, on a eu de la chance, les vampires étaient belges et derrière la caméra de Vincent Lannoo, Vampires portait avec lui une légère corrosion pas désagréable. Cette année le prédécesseur de Twilight se nomme Fright Night donne dans l’horreur et s’inspire du Vampire… Vous avez dit vampire ? de Tom Holland (1985, Fright Night en VO). Sur le papier, le film aligne les bons points : Colin Farrell en vampire sexy, Craig Gillsespie à la réalisation à qui l’on doit la production et la mise en scène de la série United States of Tara avec Toni Colette, présente dans le film, David Tennant en second rôle… A l’écran, c’est l’horreur. Et c’est d’autant plus rageant qu’il y avait sans doute là la matière et l’envie d’un film bien plus barré.

Niveau scénario, que du classique du film d’épouvante : Charley (Anton Yelchin, croisé dans Le Complexe du castor), ex-geek devenu presque cool en sortant avec la bombe du bahut, s’aperçoit que son nouveau voisin est peut-être un vampire. Quand ses amis commencent à disparaître, il sort gousses d’ail et crucifix. Rien de nouveau sous le soleil. L’intérêt du film aurait pu tenir dans une réactualisation et/ou un détournement des codes du genre. Fright Night rejoue le mélange horreur/comédie de son original. Les gags des personnages secondaires croisent un suspense censé être haletant – encore qu’on peut se demander dans quelle mesure le fait de fermer la poubelle sur fond de musique stridente a quelque chose d’haletant…

 

Mais force est de constater qu’à défaut de vrais choix, rien ne prend. Le film ne fait ni rire, ni frémir. Il hésite constamment entre le recul critique d’une farce volontairement grotesque, donc ironique et potentiellement drôle, et le premier degré. Les bons mots sont là, et ne sont plutôt pas mauvais au demeurant, mais tellement mal amenés qu’ils tombent quasi systématiquement à plat. Dans un tel contexte, les scènes horrifiques finissent par sentir bon le ridicule tant Fright Night est dans l’incons(is)tance. D’un Colin Farrell roulant des mécaniques dans la banlieue de Vegas, on passe à un bad vampire très méchant et très fort. Pour faire plus vampire, on a même droit à un coup d’orgue de temps en temps. Comme on est en 2011, on n’oublie pas non plus la 3D qui se résume ici à faire tomber beaucoup de choses sur la caméra : du sang, des crucifix, du feu… avec de beaux moments narcissiques où des cendres rougeoyantes se dandinent à l’écran. Ravissant.

Et pourtant, de temps à autres, on se dit que quelque chose aurait pu être possible : une esquisse de trouble qui s’installe au détour d’une scène entre Farrell et Yelchin, une séquence de pieux dans le cœur qui manque de peu d’être hilarante, un joli montage en boîte de nuit… Malheureusement on est loin du compte et Fright Night aligne des platitudes qu’on aimerait croire railleuses, mais qui par leur ton, leur montage et leur place dans le film finissent de l’identifier comme d’un essai raté. Pour compenser, on aura appris qu’il ne faut pas snober ses amis même si on devient plus cool qu’eux. Et qu’il ne faut pas trop s’inquiéter non plus car le puceau finit toujours par baiser. On est rassuré, on peut se rendormir.
 

Titre original : Fright Night

Réalisateur :

Acteurs : , , , ,

Année :

Genre :

Durée : 120 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi