Body Trash : Édition Collector Limitée Combo Blu-ray DVD chez Rimini Editions.

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Affreux, drôle et saignant. Un body horror déjanté et jubilatoire, dans la pure lignée de l’Ozploitation.

« Avez-vous jamais rêvé d’une meilleure version de vous-même? Plus jeune, plus parfaite « . Le slogan de The substance comme un écho du pitch de Body Trash : dans la banlieue de Melbourne, un laboratoire pharmaceutique développe une vitamine censée décuplée les performances physiques de leurs consommateurs. Bien entendu, les effets se révéleront dévastateurs sur les organismes des cobayes. Dans la mouvance du cinéma indépendant australien, Philip Brophy  concocte ce film de série B ou Z -l’abécédaire des films d’exploitation « fauchés » étant tout relatif, gradué selon notre baromètre personnel -qui trente après sa sortie séduira bon nombre d’entre nous qui n’en connaissait pas l’existence avant que Rimini Editions ne lui donne une seconde vie. Il comblera, sans nuls doutes aussi bien ceux qui ont été emballé par l’argument et les débordements visqueux du Body Horror  de Coralie Fargeat primé à cannes en 2024, que ceux qui l’ont rejeté en raison d’une volonté de surfer sur la vague de l’ Elevated horror. En effet, Body Trash est sérieusement gore mais ne se prend jamais au sérieux, cultivant l’humour potache et un second degré pour faire exploser chacune de ses victimes.

Le corps du récit, lui aussi, est explosé, façon puzzle. A l’origine, il s’agit de quatre segments dessinés par Brophy, quatre satires, liés progressivement autour de personnages et centraux, et surtout de la consommation de la Vimuville, la vitamine miracle. Chaque récit s’inscrit dans un registre différent du cinéma de genre, propice au trash. Celui avec la famille de Bogans (Rednecks Australien), convoque des dégénérés qui auraient eu leur place dans La dernière maison sur la gauche (Wes Craven, 1972) , ou dans Massacre à la tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974). Les manigances du laboratoire pharmaceutique, la froideur de chez Cronenberg. Le survival avec les deux jeunes perdus dans le bush australien. L’uniformisation et l’aseptisation des banlieues modernes en proie à l’hystérie lorsque le Mal fait irruption. Et, enfin, l’Aerobicsploitation et ses corps gonflés par l’orgueil et le désir de provocation. Tout cela court dans tous les sens, s’entrechoque avec un mauvais gout certain, sans s’embarrasser de pudeur comme dans des petites insertions empruntées au porno.

Coté charcutage organiques, les plaisirs sont variés : explosions, mutilations, éventrations. Les sécrétions visqueuses abondent de toute part. Les effets spéciaux sont encore du plus bel effet  trois décennies plus tard. On doit en grade partie ce bel ouvrage à Bob McCarron maquilleur artistique, entre autres, de Brain Dead (Peter Jackson, 1993). De part son humour décapant, son rythme effréné et ses effets explosifs Body Trash est une giclée d’air frais à apprécier sans modération.

 

Body Trash : Édition Collector Limitée Combo Blu-ray DVD chez Rimini Editions depuis la mi-mai. Bonus présentation (très avisée)du film par Lilyy Nelson .

 

 

 

Titre original : Body Melt

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Durée : 82 mn


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