Ben X

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Embarquement dans le quotidien difficile et tourmenté de Ben sur fond de jeux vidéo et de mal-être adolescent.

Mais quelle pouvait bien être l’idée de départ de Nic Balthazar, critique de cinéma converti à la réalisation, en composant son Ben X ?
– Dépeindre le monde impitoyable du milieu scolaire et des cours de récréation ?
– Evoquer le mal-être adolescent et le suicide des jeunes ?
– Démontrer comment les mondes virtuels et autres jeux vidéo peuvent constituer des exutoires efficaces à un quotidien difficile ?

La question est légitime tant Ben X entremêle maladroitement ces différents thèmes dans un spamming visuel éprouvant, fait d’encarts empruntés aux jeux vidéo et de successions rapides de plans divers. Divertissant au début, ce parti pris agace par son agressivité et sa fulgurance d’autant que le choix de multiplier les modes narratifs (narration par le « je », vidéo-reportage à la Delarue) griffonne la partition et le rendu final. Inspiré d’un jeu vidéo réel Archlord et bouclé en vingt-trois jours comme l’ouvrage d’origine avait été rédigé d’une traite, le film pèche par sa précipitation et sa boulimie de sujets, et ce malgré une certaine énergie et de belles ambitions.

Ben est atteint d’hypersensibilité, d’une forme d’autisme qui le coupe d’un monde dont il a appris les codes. Persécuté dans son bahut, il se retranche dans un jeu online où il devient Ben X, guerrier respecté et épris de Starlite, une guérisseuse qui le suit dans ses aventures. Sur fond d’évocation biblique implicite et malheureusement très souvent explicite, Ben survit dans cet enfer flamand où prendre le bus, traverser la cour d’école sont devenus de véritables chemins de croix. Les flashs-back impromptus et les actes de cruauté gratuits, lassants car démultipliés, procèdent d’une recherche permanente d’empathie et de compassion envers le héros.

Des idées (musique d’Arno et Praga Khan notamment), mais une composition brouillonne faute de trop vouloir en faire ; le film aurait ainsi gagné à délaisser certains angles d’attaque pour se consacrer de façon totale à une unique problématique. Ici, entre clichés, fausses pistes et pathos, Nic Balthazar perd les manettes de son essai sur l’intolérance, baigné de culture geek (informatique, jeux vidéo, Superman) jusqu’à atteindre un point de non-retour dans une scène finale pétrie d’invraisemblances scénaristiques, qui ne lésine pas sur les effets et les images bibliques. Quelle était l’utilité d’un tel dénouement et surtout en quoi peut-il apporter satisfaction au héros et atteindre les objectifs escomptés ? Thriller, romantisme de gare, teenager, geek, satire, documentaire, le film se veut au carrefour de différents genres mais échoue quant à son passage au niveau supérieur, celui d’un mariage harmonieux de ces paternités revendiquées.

Ben X, le film, est la troisième partie d’un long projet de son auteur. Après avoir écrit le livre (Niets wat alles hij zei, « Il ne disait rien du tout ») et l’avoir monté au théâtre (Niets, grand succès en Belgique), il ne restait plus à Nic Balthazar qu’à le réaliser, offrant à son sujet un traitement protéiforme. Ainsi à trop vouloir s’appesantir sur les avatars virtuels, le réalisateur en oublie le réel et ses basses mais rationnelles préoccupations.

Malheureusement les voies du cinéma sont souvent impénétrables. Amen. Bip.
 

Titre original : Ben X

Réalisateur :

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Genre :

Durée : 90 mn


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