99 Moons

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L’amour est plein de mystères et de poils.

Cocktail détonnant et sulfureux

Bigna, scientifique sismologue de 28 ans, en apparence sérieuse veut tout contrôler dans sa vie, y compris sa vie sexuelle assez étrange et déjantée dont il ressort une sorte de volonté de domination de la gent masculine. Elle rencontre par hasard, lors de ses habituels jeux érotiques sado-maso masqués, Franck qui travaille dans des clubs de nuit où il côtoie la drogue et la liberté sexuelle. Cocktail détonnant qui ne va pas sans évoquer bien sûr le film culte Neuf semaines et demi d’Adrian Lyne (1986) en beaucoup moins glamour dans cette volonté de tout décrire d’une relation sexuelle à la fois toxique, épuisante et infinie. Une autre manière d’aborder le thème de l’amour fou cher à André Breton avec, pour ce qui nous concerne ici, une dimension purement charnelle, voire vraiment prosaïque dans le détail d’une sexualité crue avec des insistances sur les tatouages, le corps usé, meurtri, le poil pubien, etc. 

Passion charnelle décortiquée

Le film est le récit du déroulement de cette passion surtout charnelle pendant 99 lunaisons, soit quasiment trois ans et demi, un record par rapport au film d’Adrian Lyne. Le réalisateur, Jan Gassmann, dont c’est le sixième long-métrage à ce jour, s’est vu honorer d’une présentation du film à Cannes l’année dernière dans le cadre de l’ACID. Pour justifier sa démarche filmique, il n’hésite pas à sortir une théorie de derrière les fagots : « La recherche du véritable amour a supplanté la recherche de Dieu à notre époque. 99 Moons jaillit du présent, est proche et intime, nu et libre. » Une assertion particulièrement subjective qui semble faire fi du marquis de Sade et du surréalisme par exemple, pour ne parler que d’eux. Mais, de son propre aveu encore, son film a pour but de dépeindre les mystères de l’amour car il lui trouve un pouvoir anarchiste. Dans notre société, purement matérialiste et consumériste, il trouve que le mystère de l’amour est d’unir les corps sans tenir compte ni de la classe sociale, ni du physique, ni des conditions de la rencontre. En somme, le mystère de l’amour comme s’il était le premier à l’avoir découvert. La littérature, les arts en général, et bien sûr le cinéma en particulier, sont remplis d’exemples de ce type et son 99 Moons ne fait hélas pas oeuvre innovante. 

Le rat des villes et le rat des champs

Il a certes un don de l’image, sans doute grâce à son directeur de la photographie, Yunus Roy Imer, et la prestation des deux personnages principaux qui ont su payer de leurs corps ce passage devant la caméra. En effet, les deux protagonistes qu’on voit la plupart du temps à poil et dans les situations les plus torrides et parfois crades, Valentina di Pace et Dominik Fellmann, répondent présents mais pour un résultat dont on se demande encore quelle est l’utilité sinon faire des images et tenter de rendre compte d’une époque et d’une ville nocturne et sulfureuse, avec quelques petites incursions à la campagne, dans une vieille cabane présentée bien sûr comme un havre de paix ainsi que le veut la nouvelle religion écologique contemporaine ânonnée et idéalisée. Quant à Michelle Gurevich, elle a composé la musique de ce film que le réalisateur avoue avoir mis dix ans à préparer et à tourner, si bien que les acteurs et l’équipe ont vieilli avec lui. Est-ce que cela a eu une influence sur le contenu et le climax de cet opus étonnant et un peu convenu ? 

Titre original : 99 Moons

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Durée : 110 mn


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