21 Jump Street

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Adaptation infidèle, mais vrai bon divertissement.

C’est un programme des années 80 qu’on réactive, en ce moment on ressuscite les vieilles merdes.

C’est sur une réplique de ce type que le boss bourru incarné par Ice Cube décrit à nos héros leur future mission alors qu’il s’apprête à les enrôler : une manière de rappeler la parenté du film tout en la balayant d’un revers de la main. Pour les plus jeunes, 21 Jump Street est une série culte de la fin des années 80 dont l’argument plutôt original consistait à infiltrer de jeunes policiers dans des lycées pour démanteler certains réseaux criminels. On en retient surtout aujourd’hui le fait qu’elle révéla Johnny Depp (qui fait une savoureuse et inattendue apparition dans le film) mais elle marqua les adolescents de l’époque par les thèmes plutôt sombres abordés (drogues, alcoolisme, mal-être adolescent…). Ayant forcément vieilli, la série souffre aujourd’hui du même malentendu que Miami Vice ou Starsky et Hutch, synonymes dans la mémoire des téléspectateurs du kitsch 80’s et 70’s, quand bien même ces dernières était plus intéressantes que leur esthétique marquée (surtout Miami Vice, chef d’œuvre télévisuel et laboratoire de Michael Mann producteur pour ses films à venir). Le traitement de cette transposition de 21 Jump Street se situe justement entre les approches des adaptations de Michael Mann et Todd Philips. Starsky et Hutch n’avait gardé de son modèle que l’ambiance seventies et la complicité de son duo pour un traitement très potache. Les fans hurlèrent mais le film était réellement drôle et réussi. Miami Vice évacuait, lui, tout le fatras visuel de la série pour une approche plus moderne mais où le script mêlait différentes intrigues d’épisodes et en respectait le ton sombre et désespéré.

21 Jump Street le film ne garde que le motif de la série (des flics de retour au lycée) pour en faire une comédie policière sans tomber dans la parodie. Les adaptations de série en roue libre ont pu donner des résultats jouissifs (les survoltés Charlie’s Angels qui surclasse la série) comme catastrophique (Wild Wild West, de sinistre mémoire) ; il est donc inutile de faire un procès d’intention sur l’approche choisie. On a ici un pur teen movie dont le ton rappelle le méconnu College Attitude (1999), où une Drew Barrymore adulte et journaliste retournait au lycée pour un reportage et revivait une adolescence bien plus positive que celle, difficile, qu’elle avait connue à l’époque. Il en va de même pour Richard Jenko (Channing Tatum), sportif écervelé au lycée et Morton Schmidt (Jonah Hill), ex souffre-douleur qui retournent sur les lieux de leurs anciennes peines pour démanteler un réseau de dealer. Le script a l’idée brillante de les forcer à s’infiltrer dans des communautés différentes de leurs vraies années lycée. L’ancien « intello » Jonah Hill intègre ainsi les groupes les plus populaires tandis que l’ex « cool » Channing Tatum rejoint les nerds scientifiques amateurs de chimie pour une résolution progressive de leurs handicaps originels. Le connaisseur de teen movie savourera la manière dont les forces en présence du lycée se trouvent redistribuées, les exclus d’antan (geek, hippie, gay…) sont désormais les modèles à suivre tandis que les footballeurs et autres pom pom girls sont invisibles ou moqués. Les anciens clichés si brillamment dessinés dans le classique Breakfast Club ou le plus récent et excellent Lolita malgré moi n’ont plus cours, et la réflexion aurait même pu être poussée plus loin en détaillant ces communautés (comme les hipsters) ou les nouveaux codes de cette génération élevée à Facebook, Twitter et Youtube.

L’intrigue policière est bien menée mais secondaire : c’est donc bien cette facette qui captive grâce au complémentaire duo. Jonah Hill (qui jouait les vrais ados il n’y a pas si longtemps encore dans Supergrave) est formidable de naturel dans le jeu émerveillé de cette seconde chance, et Channing Tatum, faux gros bêta, dévoile une fragilité étonnante. La série originelle ressurgit par quelques clins d’œil (Channing Tatum porte le nom d’un attachant personnage secondaire de la série, une télé diffuse la série lors du gunfight final et hormis Johnny Depp, Holly Robinson fait un caméo en Judy Hoffs) mais n’est finalement qu’un prétexte pour un formidable teen movie. Une réussite qui ne doit rien au hasard puisque le duo de réalisateurs Phil Lord et Chris Miller est l’auteur d’un des films d’animations les plus fous vus ces dernières années,Tempêtes de boulettes géantes, dont on retrouve de nombreux thèmes ici comme l’affirmation de soi et l’héroïsme avec le même humour ravageur.

Titre original : 21 Jump Street

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Durée : 109 mn


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