Une leçon d’amour (En lektion i karlek)

Article écrit par

D’abord ce plan. Vue large sur un port. Le jour se lève, un couple se dispute. David et Marianne. Des cris mais point de chuchotements. La séquence est belle, instantanée et interminable. Bergman, l’auteur de cet affrontement verbal, choisit de filmer ses personnages aussi loin que la caméra lui permet, refusant ostensiblement de les épier. […]

D’abord ce plan. Vue large sur un port. Le jour se lève, un couple se dispute. David et Marianne. Des cris mais point de chuchotements. La séquence est belle, instantanée et interminable. Bergman, l’auteur de cet affrontement verbal, choisit de filmer ses personnages aussi loin que la caméra lui permet, refusant ostensiblement de les épier. La vie n’est pas forcément un long fleuve tranquille mais cette engueulade reste captivante car toute la thématique du film est concentrée dans ces quelques minutes magiques où le temps semble s’arrêter, féru d’observer cette scène de la vie conjugale.

Une leçon d’amour est une œuvre mineure dans la filmographie du suédois. Réalisé entre la magnifique Nuit des forains et le discret Rêves de femmes, cette comédie légère et sympathique permet à Bergman de réfléchir sur les crises conjugales passagères.

Démarrant sur les chapeaux de roues (on se croirait chez Lubitsch), Une leçon d’amour entraîne progressivement le spectateur vers une histoire de reconquête amoureuse. Les intentions de David sont mystérieuses tant Bergman se délecte à nous le montrer comme étant un homme lâche, fragile et perturbé. La vérité est ailleurs, dans cette flamboyante juxtaposition de scènes intimes (les échanges entre David et Marianne sous un ciel printanier) et de burlesque assumé (le premier mariage chaotique de Marianne), laissant au cinéaste le temps de reprendre son souffle et de mieux façonner son suspense.

Un sentiment gentillet se dégage de cette comptine sucrée. Une leçon d’amour nous enveloppe d’un je-ne-sais-quoi qui amuse nos sens, nous ravit parfois et surtout nous donne l’envie d’aller épier d’autres œuvres de ce suédois folâtre !

Lire aussi

La peau douce

La peau douce

Avec « La peau douce », François Truffaut documente une tragique histoire d’adultère seulement conventionnelle en surface. Inspirée par un fait divers réel, la comédie noire fut copieusement éreintée au moment de sa sortie en 1964 par ses nombreux détracteurs; y compris à l’international. Réévaluation.

La garçonnière

La garçonnière

A l’entame des “swinging sixties” qui vont pérenniser la libération des mœurs, « la garçonnière » est un “tour de farce” qui vient tordre définitivement le cou à cette Amérique puritaine. Mêlant un ton acerbe et un cynisme achevé, Billy Wilder y fustige allègrement l’hypocrisie des conventions sociales et pulvérise les tabous sexuels de son temps. Un an après avoir défié le code de
production dans une “confusion des genres” avec sa comédie déjantée Certains l’aiment chaud, le cinéaste remet le couvert. La satire aigre-douce et grinçante transcende la comédie; défiant les classifications de genre.