Tricheuse

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Une comédie romantique dont le charme tient moins à la grande histoire, rocambolesque, qu’aux petites histoires qui rendent les personnages fort attachants.

Comment se débarrasser d’un amoureux transi, calmer les soupçons d’un propriétaire qui n’aime pas les célibataires ? Clémence (Hélène de Fougerolles), avocate d’affaires, a trouvé la solution. Demander à son livreur de piano de jouer les maris. Deux mondes vont dès lors se rencontrer. Ceux de Farid (Zinedine Soualem), immigré algérien et père de deux filles, vivant en banlieue et de la jeune femme BCBG. La famille recomposée prend vite ses quartiers dans les appartements de l’avocate. Et Clémence va apprendre à devenir mère et épouse en un temps record.

La romance qui s’installe entre la jeune femme indépendante et Farid est sans surprise. Mais les trajectoires des personnages le sont beaucoup plus et donnent un peu de piquant à Tricheuse. Notamment celui de la mère aventurière de Clémence, incarnée par Mylène Demongeot, superbe en femme très libérée, ou de cet amoureux compulsif, tendrement interprété par le bien nommé Jean-Marie Lamour. Ou encore celui de Farid. Son parcours apporte une forte dimension sociale à l’intrigue. Le propos n’est pas superficiel parce-qu’il met en valeur la personnalité de l’homme à travers ses renoncements et ses choix. En quittant son pays, il a laissé derrière lui une prometteuse carrière de chanteur. Mais il est prêt à tout pour le bonheur des siens. Farid incarne aussi l’antithèse de l’homme maghrébin dont la réputation est d’être un macho. Il n’hésite pas à faire la cuisine et, bien évidemment, le couscous est sa spécialité.

Jean-François Davy revisite, certes sans grande originalité, les thèmes du « Il ne faut pas se fier aux apparences » et du « Tout le monde il est gentil ». Mais on se laisse attendrir par ce scénario cousu de film blanc. La sincérité des acteurs et la fraîcheur du casting y sont pour beaucoup. Résultat : on pardonne tout à cette Tricheuse.

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