Tout ce qui brille

Article écrit par

Avec ce premier film soigné, Géraldine Nakache et Hervé Mimran signent une adorable comédie pour filles, légère mais pas superficielle.

Des strass plein les yeux quand elles pensent à Paris, Ely (Géraldine Nakache) et Lila (Leïla Bekhti), deux « best friends for ever », fantasment sur la ville lumière et rêvent de quitter leur banlieue : à Puteaux, on est « à dix minutes de la vraie vie » et c’est beaucoup trop.

En attendant de s’installer sur leur terre promise, Ely et Lila vivent chez leurs parents, se ruinent dans une paire d’escarpins qu’elles porteront à tour de rôle, s’incrustent dans des soirées branchées, mitonnent sur leurs origines et se font déposer à Neuilly (sur Seine) par leurs cavaliers servants.
Sous des abords très classiques, Tout ce qui brille pose un regard assez inédit (parce que normalisé) sur la banlieue : ni dangereuse, ni repoussante. Juste profondément ennuyeuse.

C’est précisément parce qu’il refuse tout propos politique quand il aborde le thème de la fracture sociale – on est très loin de L’Esquive, d’Abdellatif Kechiche – que le film est fort : Ely est juive, Lila, musulmane. Point. Elles vivent dans une cité. Point. Toutes ces données ne sont que des éléments du scénario parmi d’autres.

Porté par deux actrices solaires, Tout ce qui brille ne donne pas l’impression d’être un premier film. Les dialogues sonnent étonnamment juste (qualité qui fait souvent défaut aux scénarios mettant en scène des moins de trente ans) et les deux réalisateurs ont soigné leurs seconds rôles : Audrey Lamy est excellente en prof de sport surexcitée, reconvertie malgré elle en coach pour trentenaires friquées, Virgine Ledoyen et Linh-Dan Pham se montrent parfaitement crédibles en night-clubbeuses déphasées et Daniel Cohen, en quelques scènes, se révèle terriblement touchant en chauffeur de taxi temporairement renié par sa fille, mais qui persiste à l’attendre tous les jours, au petit matin, sur le parking du RER (dans une très jolie scène de réconciliation, le père prend sa fille de vingt ans par la taille et la fait danser sur ses pieds…).

Légère mais pas superficielle, Tout ce qui brille est une adorable comédie pour filles qui donne à la carrière débutante de Géraldine Nakache un goût d’affaire à suivre.

Titre original : Tout ce qui brille

Réalisateur :

Acteurs : , ,

Année :

Genre :

Durée : 100 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Journal intime

Journal intime

Adapté librement du roman de Vasco Pratolini, « Cronaca familiare » (chronique familiale), « Journal intime » est considéré à juste titre par la critique comme le chef d’œuvre superlatif de Zurlini. Par une purge émotionnelle, le cinéaste par excellence du sentiment rentré décante une relation fraternelle et en crève l’abcès mortifère.

Été violent

Été violent

« Eté violent » est le fruit d’une maturité filmique. Affublé d’une réputation de cinéaste difficilement malléable, Zurlini traverse des périodes tempétueuses où son travail n’est pas reconnu à sa juste valeur. Cet été
violent est le produit d’un hiatus de trois ans. Le film traite d’une année-charnière qui voit la chute du fascisme tandis que les bouleversements socio-politiques qui s’ensuivent dans la péninsule transalpine condensent une imagerie qui fait sa richesse.

Le Désert des tartares

Le Désert des tartares

Antithèse du drame épique dans son refus du spectaculaire, « Le désert des Tartares » apparaît comme une œuvre à combustion lente, chant du cygne de Valerio Zurlini dans son adaptation du roman éponyme de Dino Buzzati. Mélodrame de l’étiquette militaire, le film offre un écrin visuel grandiose à la lancinante déshumanisation qui s’y joue ; donnant corps à l’abstraction surréaliste de Buzzati.