The Collector

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Énième << torture porn >> dérivé de la longue et épuisante saga « Saw », « The Collector » tire son épingle du jeu et dévoile des charmes certains, pour peu que l’on oublie son cerveau au congélateur.

Depuis le premier opus de Saw du génial James Wan, pas facile de trouver un successeur parmi les ersatz racoleurs qui envahissent les bacs dvd depuis des années, Hostel II ne jouant pas dans la même cour, il serait tentant de les oublier tous. Pourtant, la production de torture porn (genre qui s’articule autour de sévices physiques très cruels infligés à des victimes captives) ne désemplit pas le moins du monde. Malgré une évidente carence qualitative, le genre continue de déployer un parfum de bêtise sucrée faisant écho au charme généreux des slashers d’antan et reste l’indétrônable plaisir coupable du samedi soir. La jaquette du dvd de The Collector n’échappe pas au marketing tonitruant du genre en nous vantant le pedigree « prestigieux » de la chose, le réalisateur étant l’un des scénaristes de la saga des Saw qui n’est pourtant pas réputée pour la justesse de son écriture.  Soit.

Étrangement, The Collector ne ressemble absolument pas à un film de scénariste, ce qui lui vaut sa qualité première à savoir mettre de côté les twists narratifs dignes d’un mauvais soap (ce qui est devenu la marque de fabrique du genre) au profit d’une exploitation maximale de son concept réjouissant, un mélange du film de torture sophistiquée et du thriller domestique à la Panic Room. Pourtant, le métrage de Marcus Dunstan ne démarre pas sous les meilleurs auspices en construisant son premier acte comme un thriller bas de gamme appuyé par une photographie putassière du plus mauvais effet.

Après avoir subi les menaces d’un gangster ayant prêté de l’argent à sa petite amie, un brave garçon joué par Josh Stewart (atrophié mais attachant) se sent obligé de cambrioler la bâtisse d’une richissime famille. Comble de la malchance, un autre malfaiteur aux desseins bien plus obscurs l’a précédé et séquestre les habitants dans la cave. Ce tueur masqué au regard troublant a également eu la brillante idée de piéger l’intégralité de la demeure en un temps record (quelques heures pour un semi-remorque de matériel !) afin de pouvoir torturer tranquillement. On apprendra par la suite que cet intriguant personnage collectionne… les gens (d’où le titre). Pourquoi ? Comment ? Le réalisateur ne s’y intéresse absolument pas et c’est tant mieux, puisqu’il préfère construire l’intégralité de sa structure narrative autour d’une vaste et jouissive partie de cache-cache.

Quelque part entre Maman j’ai raté l’avion, Saw et Panic Room, The Collector déploie une mise en scène totalement bâtarde. Dunstan hésite constamment entre le clip hystérique (la séquence de fin, imbuvable) et une réalisation de petit malin aidée par une caméra sinueuse s’évertuant à mettre en place des effets fort sympathiques quoique assez communs. En outre, la tentation du suspense artificiel est plutôt bien évitée. Le petit budget donne même un certain cachet à l’entreprise même si quelques hors-champs injustifiés trahissent un maquillage relativement faiblard (et certainement pas de la pudeur). Malgré de gros défauts, inévitables au vu des ambitions initiales, le métrage de Dunstan reste tout à fait recommandable aux amateurs de boogeyman pervers et arachnéen, de pièges délicieusement cartoonesques et d’humour pince-sans-rire décérébré (le chat piégé dans une colle visiblement très agressive pour la peau ou encore l’indispensable scène érotico-gore). Dommage que la bande son soit aussi fatigante pour les oreilles et qu’elle souligne au marqueur fluo absolument tout ce que l’on voit à l’écran. En tout cas, on attend la suite avec une impatience certaine.

Bonus DVD/Blu-ray :

Les deux supports profitent tous deux des mêmes bonus rachitiques, à savoir un clip ultra cheap de Nico Vega, fait en partie avec les images du métrage, la bande annonce du film et un making of qui n’est en fait qu’une featurette permettant à Marcus Dunstan de nous dévoiler brièvement la genèse de son film et de revenir sur quelques scènes-clés avec un enthousiasme débordant et plutôt communicatif.


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