Cette idée de scénario, d’une richesse confondante, est dûe au prolifique Luc Besson, dont on n’entend jamais autant parler que lorsqu’il décide d’arrêter le cinéma. Producteur et scénariste de ce Taken qui fleure bon le vigilante movie à l’ancienne, l’ami Luc a chargé l’un des poulains de son écurie Europa Corp., Pierre Morel, d’emballer le tout avec efficacité et l’appui d’une star internationale, le toujours charismatique Liam Neeson. Pierre Morel qui poursuit ici une carrière entamée avec le…le…le, disons, le mouvementé Banlieue 13 (lui aussi scénarisé par Besson).
Malgré les préjugés liés aux antécédents de cette fine équipe, dans les limites de ses ambitions, Taken ne déçoit pas. Bien sûr, le gros barbu ne peut s’empêcher de ridiculiser les forces de l’ordre françaises au détour de deux ou trois scènes (quasiment une marque de fabrique), il fait de la fille du héros une idiote hystérique (une vieille habitude)… C’est même avec un sourire gêné qu’on voit Liam Neeson, se faisant passer pour un gros bonnet du ministère de l’intérieur français, appliquer sa propre conception de l’immigration choisie en dessoudant une cinquantaine d’Albanais et de méchants et pervers Arabes. Bref, le script ne fait pas dans la subtilité, mais Pierre Morel a le bon goût de filmer cette histoire avec sobriété, et sans surdécoupage. Le côté « compte à rebours » aide aussi à vivifier une histoire déjà mille fois vue ailleurs.
De fait, Taken reste, dans ses nombreuses scènes d’action, sous influence Jason Bourne. Un espion expert en close-combat et ne ratant jamais sa cible, perdu à Paris qui plus est, on avait déjà vu ça dans La mémoire dans la peau. Plombé par un scénario cloisonné et sans grande personnalité, Taken ne peut prétendre à un autre statut que celui d’une série B de luxe, plus agréable à suivre que les bastonnades de Van Damne ou Steven Seagal, mais tout aussi vite oubliée.