Street Dance 2 (3D)

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Toute aseptisée qu´elle soit, cette suite de « Streetdance » serait potable si elle ne s´engluait dans ses inconséquences.

Qu’attendre d’un film intitulé Streetdance 2 ? A priori, ni plus ni moins que des scènes de danse décapantes. Or, s’il y en a bien deux ou trois qui raviront les amateurs, aucune ne galvanise, ni ne relève du jamais-vu. Pour le spectateur, reste à s’agripper à une planche de salut possible : les personnages et le scénario. Lequel mise sur le thème, certes rabâché mais toujours porteur, du choc des cultures.

Danseur passionné, Ash n’a qu’un désir : défier un groupe de streetdancers, "The Invincibles", et effacer l’humiliation qu’ils lui ont infligée au début du film. Un certain Eddie s’improvise en manager du jeune homme. Grâce à lui, la machine de guerre est lancée, le film aussi : recrutement, lors du générique, des meilleurs streetdancers d’Europe ; puis rencontre à Paris avec une superbe danseuse de salsa (Eva), qui finit par se rendre aux raisons d’Ash et aide son équipe à l’emporter sur "The Invincibles". Entre-temps, elle l’ouvre à un autre monde, celui de la salsa. Ash fait aussi connaissance avec l’oncle d’Eva, le seul "vieux" du film, interprété par Tom Conti – occasion d’une scène totalement inattendue et digressive : un dîner orchestré comme un duel de western-spaghetti, à l’issue duquel les deux hommes apprennent enfin à s’estimer. Si bien qu’au bout du compte, Ash non seulement tient sa revanche sur l’affront originel, mais de surcroît accède à la reconnaissance (celle de l’oncle) et à l’amour (celui d’Eva).

Le cœur du film, donc : la rencontre de deux cultures. Et celle, conjointe, de plusieurs êtres. Le passage de l’individualisme frimeur des streetdancers à la sensualité et au sens du partage propres au tango et à la salsa. Jusqu’à prôner une fusion de ces danses, d’autant plus légitime que toutes sont nées dans la rue – comme ne manque pas de le rappeler l’oncle d’Eva. Problème : ce propos généreux n’est clamé que par le scénario (c’est-à-dire le mince squelette du film). Et non par la mise scène (c’est-à-dire sa chair).

En effet, le discours sur l’ouverture aux autres et le dépassement de la rivalité mimétique au profit de l’amour apparaît très vite comme un leurre – la propre publicité pour le film intégrée dans la trame même du film. Première incohérence : tandis que les dialogues prétendent célébrer la rencontre des êtres et les invitent explicitement à dévoiler leur âme, la caméra reste à leur périphérie, brassant les clichés visuels, culturels, psychologiques. Pire : le film, tout en feignant de s’ouvrir à la complicité sexuelle, déploie une ahurissante pudibonderie – à la fois exaltant la sensualité dans ses dialogues et, au sein du même plan aseptisé, incapable d’en irradier la moindre. Il ne s’agit pas de déplorer qu’en-dehors de quelques torses masculins toute nudité soit abolie. Plutôt, que chaque acteur s’exhibe sans se livrer. On a beau guetter : nul frisson sur les peaux, pas le moindre tremblement dans les regards ; aucune faille où puissent s’engouffrer le désir et la tendresse revendiqués par le film.

Cette frilosité contamine jusqu’à l’usage de la 3D : Streetdance 2 est mis en scène, monté, comme s’il était en 2D. Le relief aurait pourtant permis, par le déploiement de plans-séquences, de creuser le champ, de mieux arpenter l’espace, d’explorer de plus près les corps – voire, pourquoi pas, de faire basculer le spectateur dans une pure expérience kinesthésique. Mince consolation : à ce titre, le film s’avère tristement au diapason de la production 3D actuelle. Incapable d’incarner le choc des cultures dont il fait son moteur théorique, Streetdance 2 se contente donc de juxtaposer deux mondes en les affadissant l’un et l’autre. Et s’affirme ainsi comme un film à la fois pour adolescents et lui-même adolescent, qui roule des mécaniques mais, inconséquent ou trop timoré à l’idée de déplaire, n’ose aller au bout de sa logique. Résultat : consensus mortifère et synthèse molle. Streetdance 2 est aussi, en un sens, un film de vieux.

Titre original : StreetDance 2

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Durée : 85 mn


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