Rétrospective Cinéma Suisse : Regards sur la Suisse

Article écrit par

Du 13 novembre 2007 au 24 janvier 2008, l´art suisse est à l´honneur au Musée d´Orsay. Une géographie cinématographique injustement méconnue.

Du 13 novembre 2007 au 24 janvier 2008, l’art suisse est à l’honneur au Musée d’Orsay. Une exposition d’un des peintres les plus marquants de la fin du XIXe siècle et du début du siècle dernier, Ferdinand Hodler, est le centre de cette rétrospective qui s’annonce passionnante. Littérature, musique et bien sûr cinéma sont à découvrir ou redécouvrir durant ces trois mois.

L’ouverture du cycle se fera ce jeudi 10 janvier, avec La vocation d’André Carel de Jean Choux, suivi de onze films choisis en fonction de leur temps, de leur forme, ou de leur espace. Tout d’abord trois films inscrits dans le temps du muet : celui de Jean Choux précédemment cité, également intitulé La puissance du travail, voit les débuts à l’écran de Michel Simon. Ce dernier travaillait déjà avec Marcel L’Herbier dont Choux était un grand admirateur, à l’image de Dulac, Epstein ou encore Delluc. Pour continuer les correspondances il semble que les « méthodes de productions artisanales » du film de Choux sont « tout à fait identiques à celles dont La nouvelle Vague française de 1958 ». Le film Rapt, ensuite, de Dimitri Kirsanoff, adapté de l’écrivain Charles Ferdinand Ramuz évoqué plus loin. Pour clôturer la manifestation, enfin, il sera projeté Visages d’enfants, de Jacques Feyder, considéré aujourd’hui comme une œuvre incontournable sur le monde de l’enfance.

« La place privilégiée qu’occupent, chez Ramuz, les paysans et les vignerons a suscité, à son propos, un malentendu. En fait, Ramuz ne s’intéresse pas au régional pour lui-même. Son univers romanesque oppose un refus absolu à la modernité bourgeoise et à son expression littéraire, le réalisme psychologique. Les personnages de Ramuz sont enracinés dans la profondeur de l’Être et entretiennent un rapport immédiat avec le tragique. Chez Ramuz, l’homme est menacé par la souffrance ou la folie ; il subit la tentation du Mal ou d’une trompeuse rationalité progressiste, mais il voit aussi son existence transfigurée par l’intervention du Salut ou de la Beauté ». Quatre films, d’époque et de style différents, font écho à cette définition du dictionnaire des littératures suisses, et rendent hommage à l’écrivain suisse, qui inspira pas moins d’une quinzaine de films.
Un documentaire consacré à l’œuvre de Ferdinand Hodler (1853-1918) sera aussi présenté. Ses premières années furent influencées par Anker, Koller ou encore Calama, des réalistes. Mais très vite, de par ses voyages, Hodler change d’esthétique, se tournant à la fois vers l’impressionnisme et le symbolisme. Lui aussi correspond avec le cinéma ; ses toiles font appel au rythme, à la danse et à l’évidence au cadre. Trois fondamentaux qui rappellent l’essence de l’art cinématographique.

Ce sont toutes ces correspondances – le propre du cinéma, lui-même considéré et appelé le 7e art puisqu’il s’inspire des six premiers- que ces « regards sur la suisse » proposent de parcourir pendant ces dix jours en mouvement.

Bibliographie sélective

  • Le cinéma suisse 1898/ 1998 Freddy Buache , L’âge d’homme.
  • Histoire du cinéma suisse Hervé Dumont ; 2 volumes « 1895-1965 » puis « 1966-2000 »*, Ed. Cinémathèque suisse/Hervé Dumont [Des commentaires détaillés sur les films d’auteurs comme Alain Tanner, Michel Soutter, Claude Goretta, Daniel Schmid, Markus Imhoof, Richard Dindo, Fredi M. Murer etc. Mais aussi une foule d’autres productions, artisanales ou commerciales, au total 1220 longs métrages incluant fictions, documentaires et téléfilms qui dessinent un portrait diversifié et haut en couleur du cinéma helvétique récent. 600 photos n/b illustrent le texte.]
  • La Censure cinématographique en Suisse , Henry Rosset ,Éd. Georgi, 1979.
  • L’œuvre cinématographique en Suisse, Pierre- Olivier Wellauer, Éd. Diffusion publicitaire, 1981
  • Le Nouveau Cinéma suisse : 1964-1984, Martin Schaub, Lausanne, Éd. L’Âge d’homme, 1985.
  • Cinéma suisse, regards critiques : 1896-1987, Martin Schlappner et Martin Schaub, Éd. Centre suisse du cinéma, 1987.
  • Cinéma suisse, nouvelles approches. Histoire, esthétique, critique, thèmes, matériaux, Maria Tortajada et François Albera, Lausanne, Payot, Coll. Sciences Humaines, 2000.
  • Cinéma suisse muet, Lumières et ombres, sous la direction de Rémy Pithon,, éditions Antipodes et Cinémathèque suisse, 2002.

Films présentés du 10 au 20 janvier (pour le détail des séances voir le site du Musée d’Orsay).


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Niki

Niki

Trois ans après son court-métrage Adami, « L’arche des Canopées », Céline Sallette revient à Cannes et nous confirme qu’elle fait un cinéma de la candeur.