Un premier long métrage convaincant, sensible et réaliste. Une tranche de vie.
Pour son tout premier film, Marianne Tardieu a choisi de raconter l’histoire d’un homme, Chérif, gardien de sécurité dans un supermarché le jour, la nuit, étudiant en médecine entre les deux et âme amoureuse à ses heures perdues. Pour incarner ce rôle, elle a fait appel à l’acteur français le plus doué de sa génération, Reda Kateb. Et à ses côtés, c’est une Adèle Exachopoulos revenue de La vie d’Adèle (2013) pour jouer un personnage en second plan, Jenny, en charge d’enfants. Tourné en banlieue, Qui vive s’inscrit avec le récent Bande de filles de Céline Sciamma dans une vague de cinéma en marge des clichés, des déjà vus ou déjà entendus sur les cités. Le cœur de ce long métrage se résume à une volonté : montrer le monde qui l’entoure, les difficultés d’un jeune homme qui a de l’ambition, de la volonté, qui souhaite réussir à tout prix, sans lâcher prise, en dépassant ses limites physiques et intellectuelles.
Avec une manière de filmer au plus près de l’instinct, des émotions, des sentiments, Qui vive nous entraîne dans une aventure humaine, un poste d’observation des personnes qui nous entourent, qui ont ces petits boulots du quotidien. Très proche de la réalité, sans pour autant être documentaire, ce film apporte par la fiction un regard juste, sensible, dénué de jugement ou de pitié. Inspirée par Claire Denis ou encore Philippe Garrel, on sent que Marianne Tardieu a longtemps été dans une curiosité du monde qui l’entoure, jusqu’à pousser la porte du cinéma et s’aventurer en terrain presque inconnu.
Petit bémol, même si Reda Kateb a cette force de pouvoir incarner n’importe quel personnage, du banal au plus extraordinaire, Qui vive provoque une sensation de mélancolie, de tragédie jetée à notre visage de citoyen. Une vie qui bascule, du jour au lendemain, alors que tout avait si bien commencé… Pourquoi ? Pourquoi aussi nous renvoyer à nos doutes, à nos incertitudes, à nos peurs ? C’est peut-être ça, la clé du cinéma de Marianne Tardieu, nous emmener sur le terrain de la réflexion et de nos priorités quotidiennes, de nos choix. Être encore et toujours sur le qui vive.
Autopsie grinçante de la « dolce vita » d’une top-modèle asséchée par ses relations avec des hommes influents, Darling chérie est une oeuvre générationnelle qui interroge sur les choix d’émancipation laissés à une gente féminine dans la dépendance d’une société sexiste. Au coeur du Londres branché des années 60, son ascension fulgurante, facilitée par un carriérisme décomplexé, va précipiter sa désespérance morale. Par la stylisation d’un microcosme superficiel, John Schlesinger brosse la satire sociale d’une époque effervescente en prélude au Blow-up d’Antonioni qui sortira l’année suivante en 1966.
En 1958, alors dans la phase de postproduction de son film et sous la pression des studios Universal qualifiant l’oeuvre de « provocatrice », Orson Welles, assiste, impuissant, à la refonte de sa mise en scène de La soif du mal. La puissance suggestive de ce qui constituera son « chant du cygne hollywoodien » a scellé définitivement son sort dans un bannissement virtuel. A sa sortie, les critiques n’ont pas su voir à quel point le cinéaste était visionnaire et en avance sur son temps. Ils jugent la mise en scène inaboutie et peu substantielle. En 1998, soit 40 ans plus tard et 13 ans après la disparition de son metteur en scène mythique, sur ses directives, une version longue sort qui restitue à la noirceur terminale de ce « pulp thriller » toute la démesure shakespearienne voulue par l’auteur. Réévaluation…
Lundi 7 juillet, au cours d’une cérémonie à la cinémathèque française, un long métrage et un court métrage se verront attribués le prix Jean Vigo, 2025. Wang Bing sera également récompensé pour l’ensemble de son œuvre.
L’anthologie du suspense et de l’humour orchestrée par Sir Alfred Hitchcock. 268 histoires courtes – dont un grand nombre d’inédits- à dévorer sans modération.