Abd Al Malik troque son micro pour une caméra qu´il veut réaliste, touchante et puissante. Autobiographie en mouvements.
Abd Al Malik, on le connaît rappeur, poète, compositeur, écrivain, figure incontournable de la scène musicale française. Aujourd’hui, à 39 ans, Régis Fayette-Mikano – de son vrai nom – passe à l’étape supérieure et adapte son livre autobiographique,Qu’Allah bénisse la France, sur grand écran, dix ans après sa sortie en librairie. Une image en noir et blanc, des acteurs solides – dont la révélation Marc Zinga pour le rôle titre, une cité proche de Strasbourg, de l’amour, de la musique, de la religion et un coup de projecteur sur une époque, un regard de l’intérieur. Et c’est bien là l’intérêt de ce film, écrit, réalisé, composé en sons et en images par un homme qui a la maturité de regarder le monde dans lequel il a grandi, les gens qui ont fait partie de ses proches, de ses connaissances, qui ont influencé son univers et sa prose, c’est de donner envie par le cinéma à un public de réaliser ses rêves, de concrétiser ses espoirs et ses objectifs de vie.
Inspiré de La Haine, ce chef-d’œuvre de Mathieu Kassovitz sorti en 1995 au cœur d’une cité monstre et mère, Qu’Allah bénisse la France suit le parcours de Régis, de sa petite délinquance (vol de sacs, coups, trafic de drogues douces) avec ses potes à ses débuts d’écriture, de lecture et de rap, dans sa cité où il vit et évolue avec ses frères, sa mère, jusqu’à sa conversion à l’Islam. L’Islam comme porte de sortie, l’Islam comme lumière et finalement comme philosophie, c’est ce que défend Abd Al Malik – son nom musulman, dans ses ouvrages, ses chansons, ce film. La force de ce long métrage soigné est d’enchaîner les étapes de la vie d’un homme croyant, sensible, humaniste, prêt à tout pour réussir, se faire entendre par les mots, la musique mais aussi la religion. Son intelligence le mènera à une belle carrière musicale. Et le laissera aussi sur le bas côté de la vie, voué à encaisser ses erreurs, les erreurs de ses proches et la difficulté de la cité au quotidien.
Certes, Abd Al Malik a été aidé par Pierre Aïm, le chef opérateur de La Haine, que l’on retrouve encore une fois. Mais les deux films sont bien différents, dans le temps et dans l’approche. Abd Al Malik signe ce film avec son empreinte artistique, son coup de poing réaliste. En coupant les actions violentes juste quelques secondes avant qu’elles ne se produisent, en filmant la cité de l’intérieur, avec ses habitants, Abd Al Malik arrive à nous plonger dans sa vie, son histoire, sa France multi couleurs, multi talents. Qu’Allah bénisse la France, c’est 96 minutes de notre vie accordée à regarder ce qui se passe autour de nous, un regard orienté vers la vie d’un jeune homme qui a su s’en sortir à tout prix, avec brio et finesse. C’est un film d’espoir, brutal oui mais surtout secouant nos idées reçues et qui se regarde de la même manière que l’on pourrait lire un bon roman, avec des personnages attachants, des histoires fortes et bouleversantes. À voir, à écouter et donc à lire, sans modération.
Merveilleusement servi par des interprètes de premier plan (Gene Tierney, Rex Harrison, George Sanders) sur une musique inoubliable de Bernard Herrmann, L’Aventure de Madame Muir reste un chef d’œuvre inégalé du Septième art, un film d’une intrigante beauté, et une méditation profondément poétique sur le rêve et la réalité, et sur l’inexorable passage du temps.
Autopsie grinçante de la « dolce vita » d’une top-modèle asséchée par ses relations avec des hommes influents, Darling chérie est une oeuvre générationnelle qui interroge sur les choix d’émancipation laissés à une gente féminine dans la dépendance d’une société sexiste. Au coeur du Londres branché des années 60, son ascension fulgurante, facilitée par un carriérisme décomplexé, va précipiter sa désespérance morale. Par la stylisation d’un microcosme superficiel, John Schlesinger brosse la satire sociale d’une époque effervescente en prélude au Blow-up d’Antonioni qui sortira l’année suivante en 1966.
En 1958, alors dans la phase de postproduction de son film et sous la pression des studios Universal qualifiant l’oeuvre de « provocatrice », Orson Welles, assiste, impuissant, à la refonte de sa mise en scène de La soif du mal. La puissance suggestive de ce qui constituera son « chant du cygne hollywoodien » a scellé définitivement son sort dans un bannissement virtuel. A sa sortie, les critiques n’ont pas su voir à quel point le cinéaste était visionnaire et en avance sur son temps. Ils jugent la mise en scène inaboutie et peu substantielle. En 1998, soit 40 ans plus tard et 13 ans après la disparition de son metteur en scène mythique, sur ses directives, une version longue sort qui restitue à la noirceur terminale de ce « pulp thriller » toute la démesure shakespearienne voulue par l’auteur. Réévaluation…