Philibert

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L’espoir d’une comédie française de Cape et d’épée réussie s’estompe devant un film qui, moulé dans ses vieux habits d’époque, sans humour, se déleste vite d’un quelconque intérêt.

Oyez ! Oyez ! Amateurs de comédies de Cape et d’épée, passez votre chemin. Car, dans Philibert, d’intérêt comique il n’y a point. La volonté affirmée de s’inspirer des grands classiques de ce genre moyenâgeux (de Scaramouche aux Trois Mousquetaires) est avant tout le camouflet terrible d’un manque cruel d’ambition humoristique et d’une tentative vaine de hisser le film au niveau d’un Sacré Graal, voire du feuilleton La cape et l’épée des Robins des Bois.

Philibert (Jérémie Regnier) est un jeune éphèbe – mais puceau – aux collants moulants qui devra venger la mort de son père en affrontant le vil Comte d’Artois (Alexandre Astier) et récupérer sa promise (Elodie Navarre). A travers sa quête, traversant des forêts et décors volontairement en carton-pâte et accompagné d’un lieutenant espiègle (Manu Payet), il deviendra enfin un homme à la plus grande joie de son entourage. Un pitch simple et daté qui ne bénéficiera jamais d’une dose de modernité, le réalisateur et les scénaristes choisissant de suivre de près les codes du genre sans jamais insérer dans leur récit une quelconque pointe d’originalité, ne se rapprochant jamais des films qu’ils désirent imiter. Le rythme lent, les gags vieillots, le jeu des comédiens excessif, tout est assumé. Le public contemporain, gêné, s’endort et ne rit pas. Le personnage de Philibert, caricatural et naïf, ressemblant par ailleurs curieusement à celui campé par Jean Dujardin dans OSS 117, il ne sera pas étonnant de constater au final que le scénariste des deux films se trouve être la même personne. Mais alors qu’OSS 117 brille par la confrontation de son antihéros à un monde et des personnages « différents », permettant un décalage jouissif, Philibert est entouré de personnages secondaires tout aussi caricaturaux, limitant toute possibilité de situation amusante. Chaque personnage reste dans sa bulle, oubliant l’aspect collectif d’une telle comédie – Alexandre Astier rejouant de son côté presque à l’identique son rôle de Kaamelott, mais sans se soutenir cette fois de répliques vraiment drôles.

Philibert entre ainsi dans la lignée de ces énièmes comédies françaises oubliant d’offrir consistance et gags aux personnages secondaires. Elodie Navarre et Manu Payet tentent tant bien que mal d’exploiter un scenario trop léger et respectueux tandis que Jérémie Régnier démontre que son sens comique mériterait d’être mieux utilisé. L’ambiguïté sexuelle du personnage de Philibert, renvoyant à la bande de joyeux chevaliers chanteurs gays de Sacré Graal, a quant à elle au moins l’utilité de donner envie de revoir ce film, pour se rassurer quant à la possibilité d’une comédie de cape et d’épée vraiment hilarante. Un rire en version originale sous-titrée…

Titre original : Philibert

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Durée : 103 mn


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