Cela donne des frissons – sur le papier. Sauf qu’à l’écran, rien ne bouge. Au sens propre comme au figuré. Paranormal Activity s’apparente à une mauvaise émission de téléréalité, où l’on devient ce voyeur compulsif, avide du moindre choc visuel et émotionnel. La caméra portée sur l’épaule s’apparente à un objet magique donnant réponse aux problèmes du couple. En effet, persuadée d’être observée par quelque chose d’anormal, la jeune femme en parle à son conjoint qui décide de prouver par l’image ce qu’elle raconte. Et Micah n’y va pas de main morte sur le dispositif technique : une caméra bêta, un logiciel de montage et un micro très puissant pour dénouer l’énigme. Et le sens du film dans tout cela ? Nous faire peur. Problème non négligeable, rien n’est effrayant. Les scènes se répètent d’une nuit à l’autre, d’une heure à la suivante. Mêmes personnages, même maison, même timing, même mise en scène. Rien n’a bougé.
Oren Peli a réalisé ce pseudo documentaire en sept jours. Le tournage a eu lieu dans sa maison, d’après l’histoire de son ex-copine, avec sa caméra. Autrement dit, Paranormal Activity est le fruit d’une imagination mise en relief, avec les moyens du bord. Présenté difficilement lors du festival Screamfest, le réalisateur peina à trouver un distributeur pour son film. Sans doute est-ce dû à sa forte ressemblance avec The Blair Witch Project, à la différence près que ce dernier faisait sursauter. La volonté d’Oren Peli de susciter l’angoisse en rentrant chez soi après la projection n’est pas une mauvaise idée. Vivre dans une grande maison avec un parquet qui craque, entendre les moindres bruits et vibrations la nuit, regarder des films d’horreur à la télévision tend à perturber notre paisible existence. Mais le manque de moyens accordés aux effets spéciaux conjugué à l’inaction des acteurs dans le film marquent l’impossibilité de devenir un véritable film à suspense.
Malgré l’incroyable performance de deux acteurs inconnus, comment un film si mauvais, inintéressant et manquant autant de sens a-t-il pu remplir les salles américaines ? La réponse est simple : il s’agit de Communication. Commencé deux bons mois avant la sortie du film en France, ce buzz a généré curiosité et envie. Reste à savoir si le film connaîtra le même succès qu’au pays où frisson rime avec septième art.