Parfois, on se prend au jeu – à un détail près : Julien Neel n’est pas cinéaste. Il a un certain sens cosmétique de l’image, certes, mais n’agit pas en cinéaste. Dans Lou !, la singularité soi-disant débridée de l’univers visuel se réduit à l’excentricité de ses décors et costumes, sans être jamais relayé par une véritable idée de mise en scène. L’auteur se révèle totalement impuissant à s’interroger sur les outils propres au langage cinématographique, les moyens formels à sa disposition. D’un côté, il s’efforce d’en mettre plein la vue, et, de l’autre, use à tort et à travers d’une voix off qui n’a de cesse de surligner chaque image.
Si le film verse parfois dans des fautes de goût embarrassantes (la maladresse conjuguée des dialogues et des jeunes interprètes a de quoi interpeller), il a néanmoins un atout dans sa manche qui ne le rend jamais antipathique : sa sincérité. Finalement, Lou ! Journal infime est moins un film sur l’enfance qu’un film enfantin, récréatif, sans réel intérêt, mais qui se laisse parfaitement regarder. A ceci près que même sans connaître la BD originale, on est en droit de s’interroger sur l’intérêt (autre que mercantile) d’une transposition au cinéma, tant rien ne vient transcender l’illustration sage et appliquée.