L´Imaginarium du Docteur Parnassus

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<< Mesdames et messieurs, le Docteur Parnassus est là pour vous accueillir ce soir >>. Entre imagination et féérie, Terry Gilliam vient nous surprendre avec ce dernier film aux allures de conte pour adultes. Plus de deux heures d´évasion visuelle et de voyage au coeur de l´irréel.

Le Docteur Parnassus parcourt les ruelles sombres de Londres, accompagné de sa jolie fille au visage de porcelaine, un nain méfiant et sarcastique, sans oublier un jeune garçon désireux de prendre le large. A bord d’une vieille roulotte, la troupe atypique lutte pour retenir l’attention des urbains, bien trop alcoolisés ou égoïstes pour s’intéresser à leurs présentations théâtrales. Sauf qu’une fois rentrés dans l’Imaginarium et le papier d’argent traversé, un monde de rêve et de fantasmes se présente à eux. Chaussures et sacs pour certaines, bonbons pour d’autres, les visiteurs de « l’autre monde » sont obligés de prendre une décision : suivre le bien ou le mal. A l’origine de ce manichéisme, un pacte outrageusement signé avec le diable par l’immortel Parnassus, au prix de la liberté de sa fille.

Nous voici donc embarqués dans cette folle épopée haute en mondes parallèles, surprises déjantées et dialogues sortis d’une histoire fantastique. Non sans rappeler la pièce de Samuel Beckett, En attendant Godot, tous les personnages de L’Imaginarium possèdent une part d’excentricité. Le diable porte un chapeau melon, un costume noir tandis que le chef de la troupe s’apparente à un vieil indien spirituel. Les codes sociaux sont cassés, l’homme de petite taille est vite transformé en enfant noir, la belle Valentina passe d’une jeune fille de seize ans à une déesse à la longue chevelure rousse et le spectacle vivant proposé par la troupe va progressivement se transformer en scène de combat entre le bien et le mal. Tout se transforme, mute, évolue au fur et à mesure que l’histoire se déroule.

Le tournage du film s’est arrêté brutalement à la mort d’Heath Ledger en janvier 2008. L’acteur, souvent cité comme exceptionnel par Gilliam, incarne à l’écran Tony, espiègle et séducteur. Remplacé par Johnny Depp, puis Jude Law et enfin Colin Farrell, ces trois grandes stars incarnent le même personnage, dans trois mondes parallèles. Certes, le casting est de choc, les trois acteurs ont même décidé de reverser l’intégralité de l’argent qu’ils ont gagné pour ce film à la fille du défunt Heath Ledger. Mais les transitions d’un personnage à l’autre, conservant le même nom et le même rôle, se font sentir. On découvre malgré tout un Jude Law fourbe et élégant. Colin Farrell a quant à lui la double responsabilité de finir à la fois le film et le suspense autour de toute cette machinerie.

L’Imaginarium du Docteur Parnassus
illustre l’esprit de Gilliam : de l’imagination à la frontière entre le réel et l’irréel, c’est à se demander si le réalisateur n’a pas enfin dévoiler ses plus infimes pensées par l’image. Nous nous trouvons véritablement plongés dans un univers jusque là jamais exploré où le monde est manipulé, transformé, bousculé pour ne faire ressortir que le jeu entre deux être puissants. Les tendances morbides de Brazil ou Tideland cèdent ici la place à des touches d’amour, de romantisme, de folie et de bonheur, qui teintaient déjà les images de The Fisher King.

Un véritable livre ouvert sur un univers imaginaire, surprenant et riche en actions. Une belle mise en bouche pour de doux rêves.

Titre original : The Imaginarium of Doctor Parnassus

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Durée : 122 mn


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