Devant la caméra d’Andrea Arnold, la lande décrite dans l’ouvrage d’Emilie Brontë ne peut rester neutre, elle se doit d’exister plus fière et magnifique encore que les personnages. Si l’on pense à Terrence Malick lorsque la cinéaste s’attarde sans inspiration sur les détails de la nature qui traîne à ses pieds, lorsqu’elle laisse se perdre dans la lande Catherine et Heathcliff, plus encore qu’aux paysages romantiques de Jane Campion on se rappelle de Hors Satan (Bruno Dumont), de La Dernière piste (Kelly Reichardt) ou même du Cheval de Turin (Béla Tarr). Comme dans ces trois grands films de 2011, l’urgence des personnages d’Andrea Arnold naît de la menace qui les entoure et qui prend la forme d’une bourrasque de vent, d’une plaine désolée ou d’un amas de rocailles. Sans arme lorsque la cinéaste s’approche trop d’elle, la lande apparaît monstrueuse dès qu’on lui jette en pâture les deux jeunes gens. Andrea Arnold met en images le romantisme littéraire du XIXe en filmant le paysage où est née Emilie Brontë ; celui-là même qui a mystérieusement poussé ses deux sœurs et son frère à écrire également. La lande autour de la maison Brontë, cette lande qui habitait si violemment déjà Les Sœurs Brontë (1979) d’André Techiné, la cinéaste anglaise la rend témoin et responsable de l’amour maudit de Catherine et Heathcliff. La caméra à l’épaule ne cesse de bouger, les mises au point se font approximatives et de faux raccords en faux raccords, la fuite éperdue des deux jeunes gens semble ne pouvoir se terminer ailleurs que dans l’impasse du décor. Andrea Arnold construit son film pour qu’une fois terminé il n’en reste que le souvenir romantique d’une terre désertique et celui d’un des films les plus terrifiants de l’année.
Les Hauts de Hurlevent
Article écrit par Fabien Alloin
Andrea Arnold adapte « Les Hauts de Hurlevent » d´Emilie Brontë et laisse ses personnages se faire dévorer par la lande anglaise.
Devant la caméra d’Andrea Arnold, la lande décrite dans l’ouvrage d’Emilie Brontë ne peut rester neutre, elle se doit d’exister plus fière et magnifique encore que les personnages. Si l’on pense à Terrence Malick lorsque la cinéaste s’attarde sans inspiration sur les détails de la nature qui traîne à ses pieds, lorsqu’elle laisse se perdre dans la lande Catherine et Heathcliff, plus encore qu’aux paysages romantiques de Jane Campion on se rappelle de Hors Satan (Bruno Dumont), de La Dernière piste (Kelly Reichardt) ou même du Cheval de Turin (Béla Tarr). Comme dans ces trois grands films de 2011, l’urgence des personnages d’Andrea Arnold naît de la menace qui les entoure et qui prend la forme d’une bourrasque de vent, d’une plaine désolée ou d’un amas de rocailles. Sans arme lorsque la cinéaste s’approche trop d’elle, la lande apparaît monstrueuse dès qu’on lui jette en pâture les deux jeunes gens. Andrea Arnold met en images le romantisme littéraire du XIXe en filmant le paysage où est née Emilie Brontë ; celui-là même qui a mystérieusement poussé ses deux sœurs et son frère à écrire également. La lande autour de la maison Brontë, cette lande qui habitait si violemment déjà Les Sœurs Brontë (1979) d’André Techiné, la cinéaste anglaise la rend témoin et responsable de l’amour maudit de Catherine et Heathcliff. La caméra à l’épaule ne cesse de bouger, les mises au point se font approximatives et de faux raccords en faux raccords, la fuite éperdue des deux jeunes gens semble ne pouvoir se terminer ailleurs que dans l’impasse du décor. Andrea Arnold construit son film pour qu’une fois terminé il n’en reste que le souvenir romantique d’une terre désertique et celui d’un des films les plus terrifiants de l’année.