L’empreinte de Frankenstein, La fille de Jack l’éventreur : deux monstres de la Hammer sans loi ni maître.

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Proposé par Elephant Films dans son coffret « Les 13 cauchemars de la Hammer », l’éternel come-back des deux créatures incontrôlables de la maison des horreurs.

Sept macabres aventures du plus célèbre des créateurs diaboliques, le Baron Frankenstein, dont Frankenstein s’est échappé (Terence Fisher, 1957) qui a propulsé la Hammer sur la voie du succès. Trois descentes aux enfers en compagnie de l’éventreur de Whitechapel – en tenant compte de l’astucieux cross-over dans Docteur Jekyll et Sister Hyde (Roy Vard Baker, 1971). La Hammer n’a jamais manqué d’ingéniosité pour raviver le pire de l’âme humaine.

 

La fille de Jack l’éventreur (Hands of the Ripper, Peter Sasdy, 1971).

Haute comme trois pommes, Anna assiste au sanglant assassinat de sa mère, perpétué par son père, le célèbre Jack l’éventreur. Approchant l’âge adulte, son traumatisme se réveille pour la conduire à répéter les mêmes abominations que son géniteur. La scène d’ouverture où se reflète dans les yeux d’Anna la folie meurtrière de son père est un modèle du genre qui a surement dû inspirer John Carpenter pour les premières minutes de son Halloween, la nuit des masques (1978). Référence également probable, l’aiguille à tricoter comme  arme  blanche, utilisée vers la fin du film par Anna. Cependant, la fille de Jack est loin d’être la plus intéressante source de frayeur de ce gore thriller victorien.  Inconsciente, téléguidée par des signaux de son passé – un bijou, un son – c’est sans âme qu’elle multiplie les bains de sang. Son interprète, Angharad Rees ayant bien du mal à transformer son visage poupin lors de ses pertes de contrôle.  Tout l’intérêt repose sur le bon Dr. John Pritchard, adepte de l’école Freudienne, il va héberger la jeune fille pour tenter de percer son mystère. L’occasion de pouvoir contempler sa jeune protégée pendant son bain, et, dans d’autres occasions, de lui témoigner expressément son affection. Son dévouement pour la science le conduira à faire chanter un membre du parlement – lui aussi friand de jeunes filles vierges. Et, surtout, à pousser le plus loin possible son expérience in-situ, en couvrant la violence sans limites d’Anna. Comme son père Anna écumera les bas-fonds où les femmes  de petites de vertus ne s’embarrassent pas de pudeur – on y rencontre une prostituée sensible aux jeunes femmes. L’envers du décor du puritanisme victorien, un cadre idoine pour la sulfureuse Hammer.

 

L’empreinte de Frankenstein (The evil of Frankenstein, Freddie Francis, 1972).

Ayant trouvé refuge dans un laboratoire abandonné, le transhumaniste docteur Frankenstein est persuadé de pouvoir de nouveau redonner la vie à un être passé récemment à trépas. Accompagné de son assistant,  il retourne dans son château pour retenter l’expérience. Contrairement aux Studios Universal qui ont fait de la créature ressuscitée son personnage principal, la Hammer retrouve l’esprit de Mary Shelley, en se focalisant sur le Baron fou. Dans L’empreinte de Frankenstein, son  égotisme, son jusqu’au-boutisme sont plus que jamais le moteur du récit. Un long flash-back nous conduit même à revivre la première expérience du savant. Ce procédé narratif, quelque peu étonnant quand on connaît et apprécie l’imagination scénaristique de la Hammer, met en exergue le caractère obsessionnel du démiurge Baron. Les deux tiers du film étant consacrés à ses expériences et ses ambitions, l’horreur passe conséquemment au second plan, au profit d’une approche dramatique du mythe du Créateur. Drame d’un homme incapable d’accepter l’échec qu’il tente sans cesse d’effacer. Dans sa tentative de dompter sa créature, il est assisté puis doublé par un hypnotiseur vénal : la folie des hommes ne pouvant conduire qu’au chaos. Est-il nécessaire de rappeler la dévotion de Peter Cushing pour le personnage de sa vie ? Sa seule présence fournit l’énergie nécessaire pour ranimer le mythe, dans un épisode qui remplit amplement sa mission.

 

 La fille de Jack l’éventreur et L’empreinte de Frankenstein font partie du Coffret Elephant : « 13 cauchemars de la Hammer »

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