Le marin masqué est le récit par Sophie (Letourneur) et Laetitia (Goffi) d’un week-end en Bretagne de ces jeunes trentenaires (une mêre célibataire, une en couple) . Les trente minutes de cette franche comédie sont en noir et blanc, vignettes au format polaroid, qui sentent bon le bric à brac d’un film de vacances. Sauf que Le Marin Masqué est entièrement post-synchronisé, les acteurs venant s’amuser à poser leurs voix sur l’image, jouant du décalage et des ressorts comiques de la distance entre image et son. Certains sons sont amplifiés, d’autres singés et caricaturés, comme pour jouer à faire un film pour de faux.
La belle affiche dessinée par Nine Antico met au centre des regards féminins un jeune homme, le fameux marin masqué (Johan Libéreau) évidemment sujet de toutes les attentions. Ancien amour de jeunesse un peu pitoyable, retour désabusé dans les lieux familiers de l’adolescence, charme et déprime d’un week-end entre copines alors que le cœur n’y est pas vraiment : sous couvert de purs effets comiques et de douces moqueries pour les futilités féminines, Sophie Letourneur fouille toujours juste dans les peines d’une génération (et d’une classe), ses charmes, ses tics langagiers et ses comportements symptomatiques. Aussi fin et drôle que finalement grinçant, tant le reflet n’est pas toujours flatteur…