Le Dernier des fous

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>. C´est sur ces mots que s´ouvre Le Dernier des fous. Cette première phrase fait écho à tout le film et lui donne le ton. Martin, jeune garçon de 10 ans, exprime, à travers ces mots, sa peur de l´inconnu. À l´aube des grandes vacances, une menace sourde pèse sur Martin et sa famille. Le […]

<< Je veux redoubler >>. C´est sur ces mots que s´ouvre Le Dernier des fous. Cette première phrase fait écho à tout le film et lui donne le ton. Martin, jeune garçon de 10 ans, exprime, à travers ces mots, sa peur de l´inconnu.

À l´aube des grandes vacances, une menace sourde pèse sur Martin et sa famille. Le réalisateur autorise le spectateur à entrer dans le récit par une petite fenêtre qui n´est autre que le jeune garçon en question. C´est à travers lui que le spectateur va voir, vivre et découvrir le film.

Ce gamin (Julien Cochelin) est époustouflant, impressionnant dans sa manière de se mouvoir et surtout dans son visage fermé qui ne laisse transparaître aucune émotion. Il est entouré d´une mère cloîtrée dans sa chambre, au bord de la folie (Dominique Reymond retrouve ici presque le même rôle qu´elle tient dans Il sera 1 fois… de Sandrine Veysset) et d´un père, sous la coupe de la grand-mère, qui assiste, impuissant, à l´effritement de sa famille. Didier, le frère, est une sorte de modèle pour Martin. Mais, poète en mal de création, personnage à la dérive, il se noie petit à petit dans l´alcool et la violence. Le seul réconfort auquel peut se rattacher Martin se trouve en la personne de Malika, la bonne, unique rayon de soleil dans cette grande bâtisse grise et sombre.

Le climat qui règne à la ferme est oppressant, l´art du réalisateur étant de faire planer une atmosphère quasi terrifiante seulement par le biais du quotidien des personnages. Les jours passent, et la menace se fait de plus en plus lourde sans que l´on en connaisse réellement la cause.
Martin sent, pressent que quelque chose évolue. Son petit monde est ébranlé, bouleversé. La violence, la folie et la mort sont en train d´y pénétrer. Mais, du haut de ses 10 ans, il ne sait comment arrêter cette machine qui s´est mise en marche.

Il semble alors appeler au secours. Je dis bien << il semble >>, car le film est parcouru de très peu de dialogues. Tout, ou presque, passe par l´expression des personnages, le sous-entendu, l´implicite. Laurent Achard prend soin de ne dire que le strict nécessaire. Aucune fioriture dans les dialogues. Les seules paroles qui réussissent à s´échapper de la bouche des personnages sont peu nombreuses et vont directement à l´essentiel. La musique ne transperce pas non plus Le Dernier des fous. Seuls les sons de la nature et de la maison parviennent à nos oreilles. Nos yeux, eux, ont uniquement le droit de se promener dans la ferme et la nature environnante. Tout cela accentue profondément la sensation de vase clos dans lequel Martin, et le spectateur avec, se trouve enfermé. Cette mise en scène renforce aussi le sentiment de menace qui plane tout au long du récit et enfle au fur et à mesure que celui-ci se déroule.

Mais son appel au secours pourrait-il être entendu, et par qui ? La famille s´émiette au fur et à mesure que les jours s´écoulent. Cet été semble être un été tragique pour Martin et ceux qui l´entourent. La destruction paraît inévitable tant la pesanteur de l´atmosphère se fait de plus en plus pesante. L´ambiance familiale est un carcan dont aucun membre ne peut se sortir. << Quelle famille de cinglés ! >> lâche Didier dans un moment de colère. En tant que petit dernier de cette famille, Martin serait-il alors considéré comme le Dernier des fous ?


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