Le Convoyeur

Article écrit par

Une ambiance troublante, silencieuse, d’où se dégage un malaise certain rappelant celui de L’Adversaire" (ou plus récemment celle de Feux rouges de Cedric Kahn). Une musique de fond toujours sur le même ton, sans rythme, semblant faire partie du décor, un Albert Dupontel inquiétant, dont on ne saisit tout d’abord pas vraiment l’ambition (puis on […]

Une ambiance troublante, silencieuse, d’où se dégage un malaise certain rappelant celui de L’Adversaire" (ou plus récemment celle de Feux rouges de Cedric Kahn). Une musique de fond toujours sur le même ton, sans rythme, semblant faire partie du décor, un Albert Dupontel inquiétant, dont on ne saisit tout d’abord pas vraiment l’ambition (puis on comprend). Visage grave, torturé, paraissant prêt à exploser à tout moment.

L’histoire est celle d’un homme qui devient convoyeur de fond, on ne sait rien de lui, ni son passé qu’on soupconne pourtant très aisé (à l’aide d’indices certains du réalisateur) et qui renforce cette atmosphère mystérieuse l’entourant. Mais attention, l’ambition du film n’est absolument pas de dénoncer les conditions de vie et de travail déplorables de ces hommes qui risquent leur vie chaque jour, même si inévitablement le réalisateur s’y arrête un instant.
Tout est exclusivement centré sur le personnage finalement faussement complexe de Dupontel, faussement car on comprend vite ce qui l’anime, la vengeance, et pourtant à aucun moment on ne tombe dans la caricature du mec prêt à tout pour arriver à ses fins, du chevalier sans remords à la Charles Bronson. Le personnge de Dupontel reste humain et c’est ce qui finira par le détruire.

La fin est inattendue et vraiment glauque, la mise en scène est bonne sans être exceptionnelle, colorée mais discrète, effacée parfois. Un bon polar francais donc, mais qui malheureusment, ne parvient pas tellement à fasciner ; on se laisse berçer, un peu mal à l’aise, et on attend, on est content et puis on rentre.

Titre original : Le Convoyeur

Réalisateur :

Acteurs : , , , , , ,

Année :

Genre :

Durée : 110 mn


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Darling Chérie de John Schlesinger : le Londres branché des années 60

Autopsie grinçante de la « dolce vita » d’une top-modèle asséchée par ses relations avec des hommes influents, Darling chérie est une oeuvre générationnelle qui interroge sur les choix d’émancipation laissés à une gente féminine dans la dépendance d’une société sexiste. Au coeur du Londres branché des années 60, son ascension fulgurante, facilitée par un carriérisme décomplexé, va précipiter sa désespérance morale. Par la stylisation d’un microcosme superficiel, John Schlesinger brosse la satire sociale d’une époque effervescente en prélude au Blow-up d’Antonioni qui sortira l’année suivante en 1966.

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur terminale

La soif du mal : reconstruction d’un « pulp thriller » à la noirceur terminale

En 1958, alors dans la phase de postproduction de son film et sous la pression des studios Universal qualifiant l’oeuvre de « provocatrice », Orson Welles, assiste, impuissant, à la refonte de sa mise en scène de La soif du mal. La puissance suggestive de ce qui constituera son « chant du cygne hollywoodien » a scellé définitivement son sort dans un bannissement virtuel. A sa sortie, les critiques n’ont pas su voir à quel point le cinéaste était visionnaire et en avance sur son temps. Ils jugent la mise en scène inaboutie et peu substantielle. En 1998, soit 40 ans plus tard et 13 ans après la disparition de son metteur en scène mythique, sur ses directives, une version longue sort qui restitue à la noirceur terminale de ce « pulp thriller » toute la démesure shakespearienne voulue par l’auteur. Réévaluation…