L’histoire, tout le monde la connaît. Quatre jeunes algériens fanatiques détournent un avion avec l’ambition de le faire atterrir sur la Tour Eiffel. L’engin est immobilisé à Marseille pour que le GIGN puisse libérer les otages et neutraliser les assaillants. Le réalisateur choisit de se concentrer sur trois personnages, Thierry du GIGN (Vincent Elbaz curieusement crédible), une arriviste perspicace de ministère et le chef des terroristes pour offrir trois angles de vue différents à l’événement.
L’objectif étant de relater les faits dans un souci de réalisme viscéral, le film est limpide, silencieux et fonce droit vers une efficacité recherchée. Le modèle de tension des films d’action « à l’américaine » est retrouvé, sans aucun doute L’Assaut s’y hisse. Seulement voilà, à trop vouloir être objectif, on en devient très subjectif, jusqu’à exprimer une pensée qu’on ne désire pas. Les personnages sont réels, les dialogues découlent des bandes enregistrées de l’époque et la chronologie des événements est suivie sans écart. Alors pourquoi en faire une fiction et ne pas développer un simple documentaire ? Le film n’explore aucune réflexion, ne tente jamais de comprendre les personnages au-delà du simple policier qui fait un métier difficile ou de la jeune politicienne qui découvre la vie. Quant aux terroristes, ils ne font que prier, insulter et tuer. Une vision radicale et naïve sur des radicalistes. Sans jamais s’éloigner des simples faits, le film abandonne l’humanité de ses personnages. L’image de ces jeunes arabes sans pitié, dont les dialogues ne se résument que par des prières laisse un goût amer dans la bouche. Sans intention, le réalisateur en propose une malgré lui. Les terroristes n’ont droit qu’à une seule scène développée. La mère du chef de gang lui demande au haut-parleur de libérer tout le monde, il lui répond en liquidant un otage devant ses yeux. Les personnages cessent d’exister, ils ne sont plus que des êtres inhumains. Certes, il y a une limite entre expliquer et défendre, cependant les terroristes sont dépeints comme étant stupides, immatures et sans morale.
Traiter un sujet sans le bousculer démontre fatalement un manque d’ingéniosité et de réflexion. Des hommes et des dieux utilise un fait divers marquant mais contrairement à L’Assaut, il n’est qu’un point de départ à toutes autres pensées et désirs de voir ailleurs. Développer des événements réels et tragiques comme un film d’action semble être un parti pris risqué. Quand James Bond tue des méchants, on les évacue vite. Il est difficile d’oublier que les victimes de l’assaut ont existé, assistant à une mise en scène terrible de leur mort. L’objectif de ce film s’obscurcit encore un peu plus. Vol 93 dont le film s’inspire, répondait à un besoin patriotique de toute l’Amérique après les attentats du 11 septembre. Or, les héros de l’Assaut ne sont pas des gens ordinaires qui se révoltent mais des policiers qui font leur travail. Le film plaira forcément à tous les membres du GIGN dans un espoir de reconnaissance et pourquoi pas de vocation naissante chez les spectateurs.