L’Apprenti Sorcier

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Un nouvel avatar d´un été américain sinistré…

Cela fait quelques années que ça se perpétue : le blockbuster estival hollywoodien est à la dérive. A défaut d’avoir forcément de grands films, à sa grande époque il offrait au moins le minimum syndical d’évasion et de divertissement. L’an dernier, le pourtant poussif GI Joe était un des rares à satisfaire le chaland, et cette année l’oubliable mais divertissant L’Agence tous risques apportait quelque satisfaction éphémère. A part ça, la chute vertigineuse de Shyamalan se confirme, Ridley Scott attend une fois de plus le dvd pour offrir une alternative satisfaisante à son très moyen Robin des Bois tandis que Mike Newell se repose sur ses infographistes pour les rares instants spectaculaires d’un Prince of Persia vide de sens. Seul le formidable Inception de Christopher Nolan et Toy Story 3, nouveau joyau Pixar, auront su allier émotion, inventivité et grand spectacle. En dehors de cela, des formules usées jusqu’à la corde (Night and Day en pilotage automatique, malgré le doué James Mangold), des concepts à bout de souffle (Shrek, qui n’avait pour lui que sa très relative irrévérence, rentre dans le rang dans un poussif 4e et ultime volet) qui prennent le pas sur l’histoire, les personnages et le plaisir de raconter. Il ne reste plus que le Expendables de Stallone et son action annoncée « à l’ancienne » pour – espérons le – endiguer la chute.

Il n’y avait guère pareil espoir à attendre de cet Apprenti Sorcier. Après l’attraction de parc, l’idée saugrenue sera donc d’étendre sur un long métrage la fameuse séquence de Fantasia. Entre de bonnes mains, toute idée peut avoir un certain potentiel mais les tenants du projet n’incitent pas à l’optimisme. Le nabab Jerry Brukheimer a sombré depuis 10 ans (hormis l’amusante et inégale saga des Pirates des Caraïbes, vampirisée par Johnny Depp) dans la production formatée et sans saveur et le réalisateur Jon Turteltaub présente une « œuvre » en forme de casier judiciaire lourdement chargé : Rasta Rocket, Instinct, Benjamin Gates, Ninja Kids

La première partie du film s’avère donc étonnamment prenante, avec une fulgurante ouverture moyenâgeuse et un univers et des enjeux relativement bien posés. Nicolas Cage, récemment remis en selle après quelques années de dérive (formidable dans Kick Ass, Bad Lieutenant et Prédictions) fait preuve de panache et de charisme en sorcier mentor, et le jeune Jay Baruchel (vu récemment dans le sympathique Trop belle) déploie un vrai capital sympathie. Les manifestations des pouvoirs des sorciers sont plutôt inventives et bénéficient d’effets spéciaux soignés (un des grands atouts des productions Brukheimer).

Alors qu’on se surprend à se prendre au jeu, le formatage et le manque d’ambition rattrape bientôt le tout. L’histoire d’amour prévisible est insipide, Alfred Molina en méchant est loin de déployer la menace de son Octopus de Spider-Man 2 et cette supposée fin du monde à endiguer manque singulièrement d’ampleur. Jon Turteltaub, sans atteindre les tréfonds du second Benjamin Gates (où, lors d’une séquence, on comprenait par le dialogue qu’on assistait à une poursuite en voiture, la mollesse de la mise en image ne le laissant pas deviner), offre une réalisation impersonnelle sentant la deuxième équipe. L’Apprenti Sorcier n’est donc pas le grand ratage annoncé mais, sorti de l’interprétation du duo vedette, tout semble y avoir été nivelé par le bas et bâclé. A l’image de l’ensemble des productions de cet été américain…

Titre original : The Sorcerer's Apprentice

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Durée : 105 mn


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