La Ruée vers l’or (The Gold rush)

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Il y eu deux versions de La Ruée ver l’or (The Gold rush). La première date de 1925, la seconde de 1942. Principales différences : la seconde est plus courte, narrée par Chaplin lui-même, et appuyée par une très belle composition musicale de Chaplin évidemment. Le film relate le périple d’un petit prospecteur d’or maladroit […]

Il y eu deux versions de La Ruée ver l’or (The Gold rush). La première date de 1925, la seconde de 1942. Principales différences : la seconde est plus courte, narrée par Chaplin lui-même, et appuyée par une très belle composition musicale de Chaplin évidemment. Le film relate le périple d’un petit prospecteur d’or maladroit et solitaire, qui fait fortune en devenant l’associé par circonstance de Big Jim, un autre prospecteur un peu plus chanceux dans sa quête puisqu’il a découvert une « montagne d’or ».

C’est donc bien le rêve américain que nous raconte ici Chaplin. L’heureux dénouement semble logique, car le ton du film est celui d’un conte tragi-comique. Cependant, si La Ruée vers l’or s’ancre dans un imaginaire collectif encore prégnant dans l’Amérique de nos jours, il tend également à l’universalité. On notera d’ailleurs qu’entre les deux versions, le « petit prospecteur » et devenu le « petit homme » (« the little fellow »), modification significative. Elle est bien ici la principale différence entre Chaplin et son « rival » Buster Keaton, dont les films véhiculent eux aussi une vision de « l’American dream » : il y a chez le premier cette faculté fantastique à dépasser le propos initial pour tendre vers l’universel et l’intemporel, absente chez le second dont la portée des personnages est bornée par une approche trop caricaturale, restrictive et répétitive du rêve américain.

Mais le rêve est fortement nuancé par des allusions récurrentes à la solitude, la cruauté des hommes et la dureté de leurs sentiments. Au rire se substitue alors l’émotion dramatique. La scène du réveillon est particulièrement marquante, renvoyant Charlot à sa condition de prospecteur pauvre et solitaire, moqué par celle qu’il aime. Un Chaplin plus mûr, distant et lucide semble poindre à l’horizon, tiraillé par ce rêve américain dont il perçoit à certains égards la fausseté et l’hypocrisie. Il y a dans La Ruée vers l’or les prémisses, cependant conservés à l’état de germes, de la critique acerbe qui éclatera dans les derniers films du cinéastes, Un roi à New York notamment.

La Ruée vers l’or est une superbe fable, drôle et poétique sans oublier d’être émouvante. Peut-être l’un des films les plus aboutis de Chaplin, en tout cas son préféré. Derrière sa morale sauvegardée, il dissimule une retenue évidente où la critique est sacrifiée à l’émotion. On ne s’en plaindra pas, car voici le Chaplin que l’on aime, celui qui fait « rire et pleurer en même temps », le Chaplin enfant et adulte tout à la fois, drôle et humain, faussement naïf, faisant un pied de nez à la méchanceté des hommes et substituant la poésie à l’ironie.

Titre original : The Gold rush

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Durée : 82 mn


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