La Récréation de Juillet

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Revivre le temps de l’innocence

Tel est le projet désespéré de Gaspard, jeune adulte en deuil de Juliette, sa sœur jumelle. Afin de satisfaire ce fantasme, il invite ses amis d’enfance à passer quelques jours ensemble dans leur ancien collège, fermé pour les vacances d’été. L’école devient ainsi le lieu des souvenirs d’une enfance innocente et en même temps des angoisses de la vie future. 

Si le décor, les costumes et les accessoires évoquent une temporalité des années 1990-2000, la photographie parvient également à insuffler une esthétique de la nostalgie à travers l’utilisation de différents formats d’images. En effet, le générique est enregistré sur des cassettes vidéo, donnant l’impression d’authentiques archives familiales, tandis que le reste du film est tourné en pellicule format 16mm. Le grain et les couleurs saturées de l’analogique créent une image mélancolique, permettant de plonger dans le souvenir d’œuvres qui ont façonné notre cinéphilie. 

L’idée de la disparition dans le film est à la fois concrète et métaphorique, elle se matérialise par la présence de la voix off de Juliette, que seul Gaspard entend comme une petite voix imaginaire. Puis, de manière plus symbolique, par l’utilisation du 16 mm, un format rare de nos jours car presque disparu au profit du numérique. La bande sonore du film épouse également cette esthétique, notamment en utilisant la musique Relax, Take it Easy de Mika, hit des années 2000. À travers ces mélodies pop entraînantes, les amis retrouvent l’insouciance de l’enfance, mais comme souvent, le bonheur ne dure jamais… 

 « Elle est retrouvée.
Quoi ? – L’Éternité »

En abordant la thématique de la mort et de l’enfance perdue, La Récréation de Juillet prend des allures rimbaldiennes, entrant en résonance avec les vers du poème L’Éternité. Gaspard a du mal à accepter le deuil de sa sœur jumelle et la rejoindre vers L’Éternité lui semble ainsi la seule solution lorsqu’il se retrouve seul. Ce bouleversement qu’il traverse trouve un sens dans l’explosion des feux d’artifices du 14 juillet – symbole à la fois de célébration et de finitude – qu’il déclenche dans le collège afin de tenter de mettre fin à ses jours. Mais Gaspard s’en tire indemne, tout comme sa mémoire, signant ainsi le début de sa nouvelle vie : celle d’apprendre à cohabiter avec ses fantômes. 

Titre original : La Récréation de Juillet

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Durée : 81 mn


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