Interview de Mihaï Tarna, référent filière Acting, Cristel Munoz, DG du campus 3iS Paris et Camille Chatillon, Directrice de la communication.

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L’Institut International de l’Image et du Son ouvre une filière « ACTING »; une belle opportunité pour présenter cette école et évoquer plus largement l’évolution des métiers du septième art.

Non seulement votre école permet d’obtenir une formation à différents métiers du cinéma mais c’est également l’occasion d’obtenir un Bachelor  (Niveau Licence, L3). Quelle est la nature des enseignements  dispensés ?

Cristel Munoz et Camille Chatillon : L’école 3IS a trente ans d’existence, avec  à l’origine une orientation sur les métiers du son. Puis, le cinéma s’est rapidement ajouté à notre formation. D’autres filières se sont ensuite agrégées, comme le jeu vidéo et le spectacle vivant qui est aussi une force de 3IS. On forme des gens du spectacle, des régisseurs, des projectionnistes. Et puis, on a rajouté un certain nombre de briques dont l’Acting qui va voir le jour en 2021, ainsi que les effets spéciaux. On a bâti une offre pédagogique qui a commencé par un Bachelor, valorisé par un diplôme d’école, au fil des années on est entré dans la cour des titres certifiés par France Compétences, à savoir par le ministère du travail. Dernièrement, nous avons voulu être reconnus par l’état, nous avons déposé un dossier au rectorat et nous avons obtenu un DESTIS (Diplôme d’études supérieures en  technique de l’image et du son) qui vient donc s’ajouter à la reconnaissance par le ministère du travail pour certaines formations. On propose également la possibilité d’obtenir un BAC + 5 (un Mastère, label délivré par les Grandes Écoles). Vous imaginez bien que dans ce cadre pédagogique nous intégrons des formations très techniques, sous forme de Workshops, de TD, de séminaires, de Master Class. S’intègre également une formation plus théorique, avec des cours d’histoire de l’art et du cinéma, des cours d’anglais, d’expression, mais toujours en lien direct avec les matières techniques.

 

Quels sont les objectifs du diplôme ?

Cristel Munoz : Ce sont d’abord des compétences nécessaires et requises liées à l’option choisie. Pour un métier technique, il s’agira de savoir-faire concernant l’image, le son, le storytelling. Pour une voie liée à l’organisationnel, cela s’axera sur la régie plateau, l’assistanat de production… Pour une voie orientée vers la création, il faudra être en mesure de réaliser un court-métrage, un documentaire, un film institutionnel. Pour les compétences théoriques, il s’agit d’avoir les codes de l’industrie. Dans ces métiers là les codes sont stricts et rigoureux, il y a une place pour chacun, que soit sur un plateau ou dans une régie.

Les stages sont une partie importante de la formation ?

Cristel Munoz : Oui, évidemment. On recommande en plus aux étudiants de première année de faire un stage l’été qui précède leur entrée à l’école. Durant la formation, les stages de deuxième et troisième année sont obligatoires pour obtenir le diplôme. La troisième année peut également se faire en alternance.

Il y a surement des coopérations autour de projets entre les différentes formations !

Cristel Munoz : Oui, les étudiants doivent connaître ce qu’est le Workflow, à savoir la chaîne de production audiovisuelle, de la recherche de financement jusqu’au tournage.

Mihaï Tarna : 3IS est une école qui permet de recréer une équipe de production. Jusqu’à ce jour, il ne manquait que l’acteur. C’est très important de pouvoir à présent accueillir cette filière. On a commencé à travailler sur le programme. Cela sera très différent de ce qui peut être  proposé par les autres écoles. Car ici il s’agira de vrai cinéma. J’ai vu beaucoup de cours d’acteurs où il y avait une caméra, une scène et on se limitait à un plan fixe. Nous allons travailler comme sur un plateau, avec des changements d’axe de prise de vue, des variations de lumière…. Autre différence, c’est la façon dont on forme un acteur. Un acteur est une personne qui doit capter le regard, faire oublier le temps. Nous souhaitons développer la personnalité artistique de chaque acteur.

 

La carrière d’acteur fait toujours rêver. Quelles sont les qualités que doit posséder un jeune qui souhaite réussir dans le métier, et par la même réussir à intégrer la filière Acting ?

Mihaï TARNA : Il faut bien évidemment du talent. Cette notion pourrait donner naissance à un long développement. Après la magie du talent, je mets la volonté. La ténacité, la foi que l’art à encore sa place. Dans le monde d’aujourd’hui il y a tellement de renversements de valeurs. Je veux croire que les jeunes qui veulent rejoindre notre métier pensent que l’art est un moyen de s’interroger sur qui nous sommes, un moyen de transmettre notre humanité. La philosophie de nôtre école doit s’aligner sur la création, à la préservation de la personnalité artistique. Un acteur n’est pas simplement quelqu’un qui connaît son texte sur le bout des doigts. C’est une personne qui doit avoir son avis sur le monde dans lequel il vit et sur son art

Pascal Légitimus est le parrain de la première année ? Interviendra-t-il dans la formation ?

Cristel Munoz : Bien sûr. Je connais bien Pascal, sa pluridisciplinarité me paraissait très intéressante. Indépendamment de 3IS, il a une vraie volonté de transmission. Il va intervenir sur des sujets bien identifiés, ciblés, qui nécessitent une préparation en amont de la part des étudiants. Il y a un véritable besoin de concret pour les jeunes, notamment dans les premières années de formation. Il y aura bien entendu des Master Class, mais cela concernera plus particulièrement  les quatrièmes et cinquièmes années. Le plus important dans notre formation c’est qu’il y est une vraie transmission de savoir-faire. Pascal comme d’autres vont intervenir dans des ateliers où ils seront confrontés à des problématiques professionnelles précises. Par exemple, avec des étudiants réalisateurs on a fait un Workshop avec Olivier Megaton qui a demandé aux étudiants de préparer un travail sur le duel. Il fallait organiser deux minutes de tournage. Olivier  a interagi avec les étudiants en corrigeant leur travail.

On présume que la formation sera dispensée par des acteurs confirmés? Pouvez nous en dire plus sur les différents intervenants ?

Mihaï TARNA : On est en train de constituer l’équipe pédagogique. Bien sûr, ce seront des acteurs confirmés, car savoir c’est pouvoir faire. Mais pas seulement. En effet, on peut être un très bon acteur et ne pas être aussi efficace dans la transmission des savoirs. La pédagogie est une qualité  absolument nécessaire dans la sélection de nos intervenants. Pour moi l’école n’est pas l’endroit qui apprend mais celui qui inspire.

Cristel Munoz : Dans beaucoup d’écoles acteurs en herbe, les jeunes  viennent car ils s’identifient à un maître. C’est très bien car cela entraîne une forme de respect, de rigueur, mais il y a un risque majeur : le formatage. On veut éviter ce formatage, ainsi dans notre école on privilégie les Workshops. Pour apporter des points de vue différents selon la carrière de chaque intervenant.

Mihaï TARNA : On va également intégrer le doublage, ainsi que la motion capture. La motion capture se développe considérablement aujourd’hui.

Camille CHATILLON : Une des forces de 3IS est que les métiers ne sont pas cloisonnés. La transversalité est de mise. Un acteur va travailler dans l’atelier motion capture. Il y a même des passerelles possibles au cours du cursus, ainsi après une première année dans une filière, un étudiant pourra intégrer une autre de nos filières si elle correspond mieux à son profil, à son projet artistique.

 

Fût un temps, pas si lointain que cela, un comédien se formait et exerçait ses talents dans le cadre théâtral ou cinématographique, aujourd’hui le Stand-up regorge de nombreux talents, le Web  permet de révéler de véritables tempéraments  d’artiste. Peut-on dire qu’il y a une véritable évolution dans la nature des comédiens ?  

Mihaï TARNA : Aujourd’hui quelqu’un qui veut devenir acteur, je l’encourage toujours à faire une école, car c’est une base importante pour se former à la diversité du métier. Pour se lancer le talent n’est pas suffisant. Encore plus pour durer dans une profession qui est très exigeante. Le temps change et le métier avance.

En France la production cinématographique reste conséquente (plus de 150 films par ans), les projets télévisuels télés ne cessent de se développer (les séries notamment). La création artistique offre et va offrir de nombreuses perspectives pour une jeunesse qui souhaite exprimer  sa créativité ?

Cristel Munoz : On peut également ajouter les plateformes qui  offrent la chance à de nombreux jeunes comédiens, dans des projets d’une grande diversité.

 Mihaï Tarna : Moi je peux ajouter que l’employabilité dépend du talent aussi. Quand je vois les statistiques, plus de deux mille personnes sortent chaque année d’une école. Ils ne peuvent pas trouver tous une place, d’où notre idée de limiter les places en première année. La force de l’école ce n’est pas le nombre d’étudiants qui rentrent à l’école mais ceux qui en sortent en ayant du travail. Le passage d’une année à l’autre n’est pas automatique. Dans le métier il y a une sélection, il en est de même dans notre école. Ainsi quand les étudiants en réalisation commencent leur projet, ils font un casting pour choisir avec qui ils veulent tourner. Un étudiant acteur devra être le meilleur et convaincre. Par ailleurs, cette période dans laquelle nous sommes privés d’accès à une grande partie de la culture, il y a un véritable besoin de cinéma, de théâtre ; on a encore de belles perspectives dans ce métier.

Cristel Munoz : Pour revenir à Pascal Légitimus, que je connais assez bien, il aime à dire que s’il s’était endormi sur son succès de l’époque des inconnus, il ne ferait sûrement plus rien aujourd’hui. Il n’a jamais cessé de travailler, de faire évoluer ses formats. Aujourd’hui, un acteur peut travailler pour un film puis pour un web-série. Il faut être flexible. Cette  transversalité est une valeur forte de notre formation.

 

Interview réalisée en visioconférence. Encore merci à Clémence Blavignac, l’attachée de presse qui nous a permis cette rencontre.

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