Son cinéma – souvent qualifié de conceptuel – se distingue par l’utilisation forte de l’ellipse et l’abstractisation de l’espace, par le recours presque inextinguible – du moins dans les six premiers films – au cadrage serré lorsqu’il filme ses acteurs fétiches (Martine Donovan, Elina Löwensohn, Robert John Burke ou encore Thomas Jay Ryan), à qui il attribue des rôles improbables, poétiques ou cyniques. Oscillant constamment entre désir et violence et évoluant souvent dans un monde qui ne veut manifestement pas d’eux, les personnages hartleyiens portent leur marginalité comme un étendard, un possible écho à la position du réalisateur envers l’industrie dominante du septième art.
Le passage à la décennie 2000 fut fatal pour Hartley qui tomba peu à peu dans l’oubli, jusqu’à ne plus être distribué en France depuis une dizaine d’années. Dans ce Coin du cinéphile, il sera surtout question des films des années 90, depuis le premier long métrage
The Unbelievable Truth et l’apparition des thématiques qui seront la marque de fabrique de Hartley : la rédemption, le désir et l’obsession de la fin du monde ; le devenu culte Trust Me (Prix du meilleur scénario à Sundance et Coup de cœur à Deauville) ; Simple Men ou le paroxysme de la close-upophilie du cinéaste ; les sombres et loufoques Amateur avec Isabelle Huppert et Henry Fool (nommé pour la Palme d’or au Festival de Cannes 1998, il remporta le Prix du meilleur scénario). No Such Thing, conte de fées moderne réalisé en 2001, vient clore ce cycle Hal Hartley, qui aura pour introduction un entretien fraîchement réalisé lors du passage du réalisateur aux Rencontres cinématographiques de Seine-Saint-Denis le 21 novembre dernier.En vous souhaitant une excellente lecture avant un prochain Coin du cinéphile « Cinéma et psychanalyse ».