Festival de Cannes 2017, jour 5 : une journée Redoutable en insouciance et en Iran

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Redoutable Louis Garrel, étonnant jeune homme à l´ACID, détonant film d´animation à La Semaine de la critique.

Le Redoutable film de Michel Hazanavicius sur Godard

En Compétition ce matin, le film presque hommage à Jean-Luc Godard et l’après Nouvelle vague a le mérite de détonner dans le paysage cannois des films présentés. L’histoire se base sur le livre de l’épouse de Jean-Luc Godard, Anne Wiazemsky, l’année 68. Alors qu’il est appelé maître, que les gens l’adorent pour À Bout de Souffle ou Le Mépris, Godard – sous les traits de Louis Garrel, décide de faire sa révolution. Michel Hazanavicius est malin. Non seulement il ne fait pas de biopic, ou de pastiche, mais il tente de raconter la vision d’une femme, la femme de Godard, dans sa mutation cinématographique. Avec quelques effets de style, un montage plus que joyeux et agréable, des séquences drôles, des répliques que l’on note volontiers, « Tous les artistes devraient mourir à 35 ans avant de devenir de vieux cons ! », le réalisateur de The Artist et OSS 117 réussit à raconter son histoire d’un cinéaste qui l’a manifestement influencé. L’actrice franco-anglaise Stacy Martin crève l’écran par sa beauté Nouvelle Vague et Bérénice Bejo vient appuyer le regard féminin du réalisateur sur cette période courte de la vie du maestro.

Alors que certains films plombent, choquent, révoltent – comme 120 battements par minute -, ce film là, s’apprécie, se regarde comme un objet plaisant, comme ces corps nus qu’il montre sous toutes les coutures avec grâce et ces lunettes qui se cassent à chaque manifestation. On s’amuse d’une tranche de vie que l’on connaît sans trop l’éclairer, de ce réalisateur Godard, qui a décidé de se tuer artistiquement pour mieux renaître. Ça nous donnerait presque envie de revoir tous les films de Jean-Luc Godard cette histoire…

Stéphanie Chermont

Un adulescent pas si insouciant

Scaffolding de Matan Yair nous amène à Tel Aviv où Asher prépare son bac tout en assistant régulièrement son père sur les chantiers. L’ intérêt du portrait repose beaucoup; et même trop sur l’alchimie entre l’acteur principal, Ami Smolarchik, et son personnage. Capable de réponses les plus stupides comme de questions les plus lucides, attaché à la notion de respect mais capable de sortir du cadre (au sens propre et cinématographique) à tout instant, son imprévisibilité pimente un récit qui a tendance à manquer de substances et de points d’accroche.


Esquisses de la société iranienne

Après Majane Sartrapi,et son Persepolis, l’Iran inspire de nouveau le cinéma d’animation. Le parallèle s’arrête là. Car dans Tehran Taboo, Ali Soozandeh ne fait preuve d’aucune nostalgie, d’aucun lyrisme. Il nous offre la radioscopie sombre d’un pays où règne la corruption, le machisme et les interdictions : une jeune femme obligée de se prostituer pour survivre; une autre qui cherche un médecin qui lui redonnera une apparente virginité. L’œuvre impressionne par sa maîtrise picturale. Aux arrières plans saturés et minutieux s’opposent la pâleur et le graphisme minimaliste des différentes figures humaines. Travail sur les transparences, combinaison d’aquarelle et de fusain, chaque planche ou plutôt chaque scène mériterait que l’on se pause. L’histoire aussi gagnerait également beaucoup à ralentir son rythme. Mais pour les créateurs, animation égale forcément mouvement. Celui des personnages, trop souvent agités dans le cadre, et celui du montage : nerveux et sec, pour amplifier le poids de l’urgence. Difficile de partager, avec toute l’empathie nécessaire, les combats courageux de cette jeunesse iranienne.

Jean- Michel Pignol

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