La Compétition Officielle
Ce n’est pas un mais deux présidents du jury de la Compétition Officielle qui cette année, une fois encore, remettront la Palme d’Or. Joel et Ethan Coen, deux frères réalisateurs de talent, auront l’honneur de présider un jury très féminin pour cette année 2015. Honneur donc dans les présentations aux femmes avec l’actrice espagnole Rossy de Palma (La loi du désir, Femmes au bord de la crise de nerfs, Prêt-à-porter, La Fleur de mon secret, Étreintes brisées, etc.), à l’actrice française internationalement reconnue Sophie Marceau (La Boum, Police, L’Étudiante, Braveheart, Anthony Zimmer, LOL, etc.), à l’actrice, mannequin, styliste britannique Sienna Miller (Layer Cake, Factory Girl, Interview, The Edge of Love ou récemment American Sniper) et Rokia Traoré, un choix surprenant et délicieusement appréciable car cette artiste ne vient pas du cinéma mais de la musique, auteur, compositeur, interprète malienne. Le jury se compose aussi d’hommes avec le jeune et talentueux réalisateur / acteur québecquois Xavier Dolan (J’ai tué ma mère, Les Amours Imaginaires, Laurence Anyways, Tom à la ferme), à qui de nombreuses personnes donnaient la Palme d’Or l’année dernière pour son film Mommy. Le très grand réalisateur Mexicain Guillermo Del Toro (L’Échine du Diable, Hellboy,Le Labyrinthe de Pan, Pacific Rim) et pour finir, un acteur Américain qui a secoué le cinéma mondial depuis deux ans, Jake Gyllenhaal (Donnie Darko, Le Jour d’après, Le Secret de Brokeback Moutain, Zodiac, Prisoners, etc.). 2015 marque un tournant dans le Festival de Cannes, vers une féminisation de son jury – et de ses films en Compétition, on va le voir -, une ouverture à la musique, à la jeunesse et aussi un léger retour aux personnalités américaines.
> Les films en Compétition
Le film d’ouverture du festival est La Tête Haute, de la réalisatrice française Emmanuelle Bercot. Dans le casting, on retrouve Catherine Deneuve, Benoît Magimel et Sara Forestier. Un enfant devenu majeur, une juge pour enfants et un éducateur qui vont tout tenter pour le sauver, ce film s’annonce à la fois très ancré dans un cinéma français social et surtout, original par son histoire et les acteurs choisis pour incarner les « adultes ». Emmanuelle Bercot est la deuxième réalisatrice de l’histoire de Cannes à ouvrir le festival, après Diane Kurys pour Un Homme Amoureux en 1987. La réalisatrice a été découverte à Cannes en 1997 pour son court métrage Les Vacances. Viennent ensuite les 19 films de la Compétition Officielle et leurs réalisateurs (Jacques Audiard, Stéphanie Brizé, Valérie Donzelli, Michel Franco, Matteo Garrone, Todd Haynes, Hou Hsiao Hsien, Jia Zhang-Ke, Kore-Eda Hirokazu, Justin Kurzel, Yorgos Lanthimos, Maïwenn, Nanni Moretti, Laszlo Nemes, Guillaume Nicloux, Paolo Sorrentino, Jaochim Trier, Gus Van Sant, Denis Villeneuve). Plutôt que de présenter chaque film, voici une première sélection de ceux qui ont retenu notre attention.
Une place faite aux réalisatrices. Et notamment aux jeunes réalisatrices, MaÏwenn avec Mon Roi revient sur la croisette 4 ans après son Prix du Jury pour Polisse. Et là, surprise, la réalisatrice Emmanuelle Bercot est actrice dans le film, en duo avec Vincent Cassel. Une histoire de couple, de passé douloureux – et de genou qui fait souffrir, ce scénario met aussi en scène Louis Garrel, Isild Le Besco et Norman Thavaud, la petite star du web. Valérie Donzelli a elle aussi un film de Compétition, Marguerite et Julien, avec Anaïs Demoustier et l’éternel Jérémie Elkaïm de son cinéma. L’histoire est encore un peu floue, celle de sentiments entre un frère et une soeur, fils et fille du seigneur de Tourlaville. Que ça soit avec Belleville Tokyo (dans lequel elle jouait) ou l’excellent La Guerre est Déclarée, qu’elle a réalisé, Valérie Donzelli nous a habitués à une manière douce et humaine d’aborder les travers et les tristesses de nos vies. Avec ce film, la réalisatrice s’aventure peut-être sur un terrain inexploité de son art, la famille et la passion qui peut naître entre deux êtres de même sang. La surprise est grande, l’attente toute autant.
Une place faite aux cinéastes italiens. Trois grands réalisateurs sont en Compétition cette année, à commencer par Nanni Moretti avec Mia Madre. Depuis son cinéma à Rome, depuis son Italie qu’il aime mais qu’il travaille au détail près la caméra en main, Nanni Moretti arrive sur la Croisette avec un film sur… une réalisatrice (le rôle est confié à Margherita Buy). Avec un acteur américain, John Turturro, un fils parfait et un esprit ailleurs à cause d’une maman à l’hôpital, le réalisateur s’aventure sur le terrain glissant de la féminité et de la famille. Face à lui, dans la course à la Palme d’Or, Paolo Sorrentino propose Youth, un film au casting de stars : Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz, Paul Dano, Jane Fonda… Deux amis avec l’un d’eux une fois encore réalisateur, comme quoi le métier de ces cinéastes les perturbe au point de les placer au centre de leurs réalisations… Le temps qui passe, 80 ans, la vieillesse, le travail, la séduction, c’est un film qui se rapproche (dans sa bande annonce déjà en ligne) de La Grande Bellezza, en Compétition à Cannes il y a deux ans, Oscar du meilleur film étranger l’année passée. Une Palme d’Or cette fois-ci ? Dernier Italien en route pour la Croisette, Matteo Garrone avec Il Racconto Dei Racconti (Tale of Tales), un film des plus attendus tant par son scénario fantastique, librement adapté des contes de Giambattista Basile, mais aussi pour son casting alléchant avec Vincent Cassel en roi fornicateur et libertin, Salma Hayek en reine obsédée par son désir d’enfant. Après l’excellent Reality et le très acclamé Gomorra, Matteo Garrone va-t-il enfin grimper sur la première marche du podium ? Les paris sont lancés.
Les surprises de la Compétition. Le film de Jacques Audiard, Dheepan, fait partie des bonnes surprises de la sélection officielle. Sensible, comme son cinéma, ce long métrage raconte l’aventure difficile de trois personnes, un homme, une femme et une petite-fille qui fuient le Sri Lanka et se retrouvent en France, sans se connaître. Aucune tête d’affiche, un cinéma ancré dans le réel, la recette efficace de Jacques Audiard. Seul réalisateur hispanique de la sélection, Michel Franco fait jouer dans son film Chronic l’excellent Tim Roth, autour d’une histoire sur la fin de vie, le rapport quasiment obsessionnel entre un aide-soignant et ses patients. Encore peu d’informations sur ce film qui s’annonce perturbant, voire dérangeant. Autre film sans doute troublant, The Lobster de Yorgos Lanthimos, un réalisateur Grec déjà à l’origine du film Alps et de Canine (une histoire de famille, d’enfants enfermés, de tensions sexuelles très bizarres), qui vient sur la Croisette pour un long métrage avec un casting de stars là aussi, Rachel Weisz (porte bonheur 2015 ?), Colin Farrell, Ben Whishaw. L’histoire est déjà sur le papier curieuse, un futur proche, une guerre contre les célibataires qui doivent vite trouver l’âme sœur sinon ils sont transformés en animal. Un groupe se rebelle, dans les bois. Quelle surprise nous réserve ce réalisateur ? Peut-être moins extravagant mais tout aussi intriguant, le réalisateur Joachim Trier est en Compétition lui aussi pour Louder Than Bombs (Plus fort que les bombes), un long métrage réunissant Isabelle Huppert, Jesse Eisenberg, Gabriel Byrne. Une exposition posthume consacrée à une célèbre photographe réunit une famille et ses secrets dramatiques. Connus pour son cinéma mystérieux (Blind, Oslo 31 Août), Joachim Trier risque bien de secouer la Croisette cette année. Le grand Gus Van Sant est aussi dans la course, avec The Sea Of Trees (La Forêt des songes). Américain, il signe cette fois-ci un film quasiment Japonais, tourné au pied du Mont Fuji. Une histoire d’homme blessé, de mort, de rencontres, avec un Matthew McConaughey toujours plus surprenant. Autre surprise au programme, le dernier film de Denis Villeneuve (Incendies, Prisoners, Enemy, etc.). Une frontière entre les États-Unis et le Mexique, un agent du FBI qui remet en question ses principes, tout laisse à penser que l’idée de ce scénario est à la limite de la morale, du jugement. Dernier film qui a retenu notre attention, MacBeth de Justin Kurzel avec un duo à l’écran assez fantastique, Marion Cotillard et Michael Fassbender. Shakespeare vue à la sauce australienne, ce film costumé risque de charmer ou de rebuter totalement.
Autres films en Compétition : La Loi du Marché de Stéphane Brizé (avec Vincent Lindon, réalisateur notamment de Mademoiselle Chambon), Carol de Todd Haynes (avec Cate Blanchett, Rooney Mara, réalisateur de I’m not There notamment), The Assassin de HOU Hsiao Hsien (Le voyage du Ballon Rouge), Moutains May Depart de l’excellent Jia Zhang-Ke (A Touch of Sin, Fidaï, 24 City, Cry me a river), Notre Petite Sœur du presque habitué de Cannes Kore-Eda Hirokazu (Air Doll, I Wish, Tel Père, Tel Fils), Le Fils de Saul de Laszlo Nemes (premier film) et Valley of Love de Guillaume Nicloux (La Religieuse, L’Enlèvement de Michel Houellebecq).
Agnès Varda, une Palme d’honneur
Sabine Azéma, Présidente du jury de la caméra d’or
Je suis un soldat (Laurent Larivière)
Un Certain Regard
Autres films en Compétition pour Un Certain Regard : Masaan de Neeraj Ghaywan, Hrutar (Béliers) de Grimur Hakonarson, Kishibe no Tabi (Vers l’autre rive) de Kurosawa Kiyoshi, Zvizdan (soleil de plomb) de Dalibor Matanic, The Other Side de Roberto Minervini, Un Etaj Mai Jos (L’étage du dessous) de Radu Muntean, Mu-Roe-Han (The Shameless) de Oh Seung-uk, Las Elegidas (Les Élues) de David Pablos, Nahid de Ida Panahandeh, Alias Maria de José Luis Rugeles Gracia, Madonna de Shin Su-Won, Chaythi Koot (La Quatrième Voie) de Gurvinder Singh et Lamb de Yared Zeleke.
Hors Compétition
Semaine de la Critique
Autres films en Compétition à la Semaine de la critique : Krisha de Trey Edward Shults (États-Unis), Mediterranea de Jonas Carpignano (Italie, France, États-Unis, Allemagne, Qatar), Paulina de Santiago Mitre (Argentine Brésil, France), Sleeping Giant de Andrew Cividino (Canada) et La Tierra y la Sombra de César Augusto Acevedo (Colombie, France, Pays-Bas, Chili, Brésil).
La Quinzaine des réalisateurs
Les films présentés par ici.
Séances de minuit
O Piseu (Office) (Hong Won-Chan)
L’ACID, cinéma indépendant