Quatrième film en compétition projeté ce dimanche à Deauville, « Things People Do » de Saar Klein nous a enthousiasmé.
Le film en compétition projeté cette après-midi à Deauville est de toute évidence la première grande sensation de ce festival. Signé Saar Klein, jeune réalisateur israélien, Things People do, affirmons-le d’emblée, est un film important, promis sans doute à un bel avenir. C’est l’histoire de Bill (Wes Bentley), jeune père de deux enfants et mari de la jeune et jolie Susan (Vinessa Shaw). Bill perd son travail du jour au lendemain et se retrouve, presque malgré lui, à enchainer les braquages comme s’il avait fait ça toute sa vie, pour subvenir aux besoins de sa famille, qui, elle, croit toujours qu’il part travailler tous les matins. Les ressorts de cette intrigue, sont, somme toute, déjà vus, mais là ou le film n’est pas banal c’est qu’il prend dès le début une envergure passionnante en plus d’un suspense policier classique. Il y a plusieurs raisons à cette dimension élevée qu’atteint Things people do. D’abord, il y a la beauté des cadres, une photo exceptionnelle (produite par un certain Matthias Loenigswieser), faite de gris, de bleus froids, qui découpent les cadres magnifiques en des plans composés très précisément. D’ailleurs souvent, les plans de Klein nous font penser à certains tableaux de David Hockney. Il y a là une puissance formelle et une précision dans la mise en scène admirables.
Et puis, nous ne nous étonnerons pas du rythme impeccable du film, lorsque nous saurons que Saar Klein avant d’être metteur en scène fut monteur et obtint même un prix pour le montage de La Ligne rouge (1998) de Terence Malick. Rien que ça ! Ce film est bel et bien malickien. Non seulement avec ses ciels nuageux où perce un soleil voilé mais aussi par le spiritualisme de certaines séquences ou les inévitables rapprochements que l’on peut faire avec des scènes de petits-déjeuners familiaux, par exemple, ou d’enfants jouant avec leurs parents dans Tree of Life (2011). Sur le fond, Things people do est encore plus intéressant que son exceptionnelle qualité formelle. Il y a une étude splendide des protagonistes, de leurs cheminements intérieurs et de la vérité qui en émane, par le truchement, il faut bien le dire, d’acteurs formidables. Mais au delà encore, c’est à un véritable questionnement philosophique que parfois le film nous confronte. Ainsi le metteur en scène semble questionner le sujet ô combien complexe de la morale, du rachat, de la culpabilité. Il ne s’érige en aucun cas en juge, non, il se contente simplement – mais ça prend une force sensationnelle – de soulever par très petites touches des thèmes fondamentaux. Questions que l’on pourrait formuler, par exemple, en forme de sujet du bac comme suit : « L’intérêt est-il soluble dans la morale ? » ou bien : « La morale peut-elle être à géométrie variable ? » Que l’on se rassure, ce film n’a pas l’aridité de ces questions mais il a le mérite, l’air de rien, de les hisser sur un écran.
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