C’est ce récit qui est aujourd’hui offert par l’entremise de Comédie, mode d’emploi, livre d’entretien entre Emmanuel Burdeau (ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, aujourd’hui directeur de collection aux éditions Capricci) et Judd Apatow, offrant sur plus de cent pages l’occasion de réfléchir à ce cinéma par le biais de la vision propre de sa tête pensante. S’y fait jour un lien permanent chez ce dernier entre angoisse, perpétuelle remise en question de son art comme de sa trajectoire de vie et élaboration des scénarii des films que lui même et les multiples cinéastes de la « team Apatow » réalisent. Lien subtilement décrypté par Burdeau dans « Introduction à la vie comique », préface invitant à mesurer à quel point le comique d’Apatow se situerait dans une prise de conscience profonde de la dissolution de l’humour, du gag, du drôle, dans la vie même de chacun.

Regard du critique et confidences du cinéaste se rejoignent ainsi avec élégance ; une pertinence notable surtout à l’évocation de la formation progressive – et vraisemblablement liée à une pure logique de fidélité – de la fameuse bande à Apatow. De sa période de colocation avec Adam Sandler, ayant logiquement abouti à la genèse, des années plus tard, de Funny people aux années de collaboration au Ben Stiller Show, justifiant la sélection de l’acteur pour la réalisation de Disjoncté (1996), en passant par la découverte, lors du casting de la cultissime série teenage Freaks and Geeks (1999-2000), de celui qui deviendra pour lui une forme d’alter ego, j’ai nommé Seth Rogen, tout est dit. Comédie, mode d’emploi, à défaut de garantir un amour fou pour ce cinéma, s’avère d’ores et déjà un outil indispensable pour toute approche prochaine des films labellisés « Apatow »… et pourquoi pas, plus largement, de la comédie américaine d’aujourd’hui.
Comédie, mode d’emploi : Entretien avec Emmanuel Burdeau, Editions Capricci
