Coffret Cinéastes africains Volume 2

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Trois cinéastes sont à découvrir dans ce deuxième volume de la, espérons-le, longue collection Cinéastes africains. Avec ce coffret, confectionné par des passionnées, Arte vidéo nous invite au voyage, à la découverte, à l´ouverture ! On se laisse guider sans se poser de questions… et l´on n´est pas déçu ! On reste peut être un peu sur sa faim, mais après tout, c´est plutôt bon signe…

On observe les changements d’une société : les traditions qui évoluent, la (parfois difficile) conciliation entre tradition et modernité.

Djéli, conte d’aujourd’hui, par exemple, pose la question des traditions, avec ces deux amoureux dont leurs parents ne veulent pas qu’ils s’épousent. Karamoko est un fils de griot, or la tradition lui défend d’épouser Fanta, fille d’une illustre famille. Le père de Fanta va jusqu’à menacer la mère de celle-ci de la chasser de sous son toit si elle ne fait pas retrouver la raison à sa fille : « Nous avons trouvé des traditions que nous ne pouvons pas changer ». Les deux jeunes cherchent à s’affranchir de la tradition mais y restent profondément attachés (ils consultent un sage pour trouver une solution). On le voit, ce sont des problèmes qui sont bien loin des notre et qui, pourtant, nous touchent profondément.

Les traditions sont passionnantes à – si ce n’est réellement découvrir – voir portées à l’écran. Par exemple, Wend Kuuni, dans Buud Yam, va consulter un guérisseur afin de savoir comment guérir sa sœur malade ; malade par sa faute, si l’on en croit les superstitieux du village : son arrivée dans sa famille d’adoption ayant porté malheur à celle-ci. Il traverse ainsi des villages, fait de nombreuses rencontres. Il retrouve notamment le colporteur l’ayant retrouvé inanimé en pleine brousse 15 ans plus tôt, dans Wend Kuuni.
Ce sont des devins que va consulter Ali dans Wariko, le gros lot pour savoir comment retrouver le billet de loterie gagnant… égaré. La joie de vivre et l’énergie se dégageant de ce film de Fadika Kramo-Lanciné sont assez impressionnantes et communicatives. Tout n’est que dynamisme et lorsque toute la famille se lève, criant de joie à l’annonce du gain, on serait presque tenter de faire la fête avec eux, depuis notre salon.
Dans Les tam-tams se sont tus, la question de la modernité, de l’occidentalisation de la société, se trouve posée. On voit cette femme, habituée à vivre dans la brousse qui arrive en ville et se retrouve totalement paumée ; les femmes mettent des perruques, des lunettes de soleil… « La civilisation coûte cher » entend-on dire.

     

Les 5 films présentés nous emportent loin de ce que l’on a l’habitude de voir et nous invite à revoir nos standards. Dépaysants, ils dépeignent des sociétés que l’on n’aurait peut-être – et même très sûrement – pas découvertes par nous-même… et quelle perte cela aurait été !
Alors bien sur, cinq films, même lorsque l’on sait qu’un volume 3 est en gestation, c’est peu. La frustration pointe son nez après l’affichage du mot fin du denier film visionné, mais après tout rien n’empêche alors le spectateur de partir lui-même à la découverte, de poursuivre son « initiation ».
Car oui, un autre point fort de ce coffret est qu’il ne se contente pas de nous faire découvrir un univers inconnu, de nous faire passer de bons moments, il donne réellement envie de découvrir toujours plus ; de nous aussi, par nous-même, partir à la découverte de ces petits pépites méconnues. De la même façon, ce n’est pas uniquement une ouverture vers l’Afrique qui s’opère, même si cela apparaît logique d’être davantage porté vers ce continent après avoir vu des films en émanant, mais une ouverture vers tous ces cinémas qui nous sont encore mal voire inconnus… Et il doit y en avoir !
Dans ces films : de nombreux comédiens dont les visages nous sont totalement inconnus. En France, on ne connaît pas les comédiens africains, ou si peu. Si tant est que des personnages africains apparaissent à l’écran, ce sont bien souvent les mêmes visages que l’on retrouve. Non pas que ces comédiens soient mauvais, loin de là, mais tellement d’autres seraient (sont !) à découvrir, preuve en sont – s’il en fallait – ces films.

Dépaysants, ces films sont « beaux » ; du point de vue esthétique, des paysages, des visages (il y a de ces sourires ! Notamment celui de la petite Pugnheere dans Wend Kuuni), du verbe également (notamment Les tam-tams se sont tus, mais pas seulement. Ces films nous amènent à envisager une réflexion non pas – seulement – sur l’Afrique ou ses rapports avec l’occident, mais sur soi-même. Ils amènent à mettre en perspective son mode de vie, de pensée. Et c’est bien ce que l’on peut attendre du cinéma : offrir de bons moments et appeler à la réflexion.
Ces films font naître des étoiles dans les yeux. En bref, une découverte que vous ne regretterez pas ; que vous appréciez simplement le voyage, comme un observateur curieux, ou bien que vous ne vouliez plus en revenir, tombant radicalement amoureux.


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