Coco Chanel et Igor Stravinsky

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Une magnifique proposition cinématographique qui perd de son souffle au fil du récit, en dépit du charme ravageur de son duo d’acteurs.

Pour elle, le succès est au rendez-vous, mais le malheur aussi : Artthur  « Boy » Capel, son grand amour, vient de disparaître. Lui démarre une carrière pour le moins controversée dans l’Hexagone, avec Le Sacre du Printemps qui sera conspué en 1913 lors de sa première représentation parisienne. A cette occasion, ils – la styliste Coco Chanel et le compositeur Igor Stravinsky – se croisent mais s’effleurent à peine du regard. La rencontre a véritablement lieu six ans plus tard. Le mécénat de Coco Chanel, qui héberge Igor Stravinsky et toute sa famille dans sa propriété de Garches, va se transformer en une passion incandescente ne se pliant à aucune convenance. Pas même celle qu’imposerait la présence de la femme trompée  et de sa progéniture à quelques mètres.

Jan Kounen filme une Coco Chanel vivant sa passion comme un dû, avec une froideur qui n’a d’égal que l’intensité des ébats amoureux des deux artistes. Anna Mouglalis, majestueuse Coco Chanel, excelle dans ce registre glacial. Stravinsky, sobrement incarné par le bel acteur danois Mads Mikkelsen, apparaît désœuvré dans cette relation à la fois destructrice et vitale. Seule la création réussit à le délivrer quelque peu de l’emprise de cette maîtresse qui se fait un devoir de ne pas l’être. Les biographies rapportent une passion brève et intense entre Chanel et Stravinsky. Coco Chanel & Igor Stravinsky,  adapté de l’œuvre de Chris Greenhalgh Coco & Igor, reste hautement fidèle à cette dimension.

Mais toute l’énergie du film de Jan Kounen semble avoir été absorbée par la séquence d’ouverture : la reconstitution du tollé suscité par l’œuvre iconoclaste du compositeur russe. Sa tension extrême, que Mads Mikkelsen retranscrit à la perfection, celle de l’impresario des Ballets russes, Sergeï Diaghilev, du jeune chorégraphe Vaslav Nijinski, ainsi que celle des danseurs donnent une incomparable intensité dramatique à un événement périphérique et à la fois fondateur de la passion à venir de Chanel et Stravinsky. Jamais plus le récit du huis clos amoureux n’atteindra ce niveau de dramaturgie. Même le fait de faire coïncider leur histoire d’amour avec la naissance de deux pièces uniques – le parfum Chanel n°5 lancé en 1921 et la seconde mouture du Sacre du Printemps – ne parvient pas à pimenter la narration.

Mais le plaisir ne déserte jamais l’écran. La subtile et discrète interprétation de la femme bafouée, Catherine Stravinsky, par Elena Morozova est un joli palliatif. Tout comme la somptueuse reconstitution des intérieurs de la papesse de la mode (sa villa et ses ateliers) et des décors d’opéra. En proposant  Coco Chanel & Igor Stravinsky avec son intrigue sulfureuse et son duo d’acteurs tout aussi torride, Jan Kounen a fait naître de grandes espérances…  comblées seulement en partie.

Titre original : Coco Chanel et Igor Stravinsky

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Durée : 118 mn


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