Clermont-Ferrand : Jour 6

Article écrit par

Nous avons découvert pour notre plus grand plaisir l’un des meilleurs croque-monsieur jamais gouté. La question se pose : vaut-il mieux garder ce souvenir intact dans notre mémoire, ou serons-nous tenté de renouveler l’expérience avant la fin de la semaine, en nous exposant fatalement au terrible "c’était mieux avant" ?… (L.C.) Le court du jour […]

Nous avons découvert pour notre plus grand plaisir l’un des meilleurs croque-monsieur jamais gouté. La question se pose : vaut-il mieux garder ce souvenir intact dans notre mémoire, ou serons-nous tenté de renouveler l’expérience avant la fin de la semaine, en nous exposant fatalement au terrible "c’était mieux avant" ?… (L.C.)

Le court du jour (L.C.)

Deux films seront aujourd’hui à l’honneur dans cette rubrique. Deux films qui, à première vue, ne se ressemblent pas, voire s’opposent, et qui pourtant sont liés par un choix formel qui nous intrigue. Il s’agit d’un côté de Posledny Autobus (Le dernier bus) de Ivana Laucíková et Martin Snopek (Slovaquie – 2011 – 16′) et de l’autre The Centrifuge Brain Project (Le projet "Centrifugeuse cérébrale") de Till Nowak (Allemagne – 2011 – Fiction – 7′).


 
Posledny Autobus est un conte musical tragique qui met en scène une persécution où les animaux de la forêt prennent la fuite en autobus car la saison de chasse a commencé. The Centrifuge Brain Project est quant à lui un faux documentaire comique, portant sur une étude scientifique qui réfléchit sur le rapport entre la centrifugation et l’activité cérébrale humaine, les expériences se faisant par le biais d’incroyables manèges de parc d’attraction.

Dans Posledny Autobus, la prise de vues réelle de la forêt automnale et du bus vintage accueille des personnages muets à corps humains et tête d’animaux empaillés. Tout indique l’artificiel et le contre nature, depuis les costumes utilisés jusqu’aux visages inexpressifs. Pourtant, le mouvement saccadé de ces corps obtenu par la vitesse de déroulement du stop motion réussit à déposer un brin de malaise fatal sur le destin de ces personnages, ce qui nous entraine facilement à ressentir de l’empathie.

Dans The Centrifuge Brain Project, l’animation par ordinateur s’incruste dans les images réelles d’un parc d’attraction en activité. La lumière recréée à l’image, accompagnée d’un grain plutôt flou, réussit à nous faire croire dans la réalité de ces animations, que seul l’absurde invraisemblance de la situation peut mettre en cause (en effet, le nombre élevé de morts et blessés que risque d’entraîner de telles expériences est très loin du compte pour rentrer dans les normes européennes de sécurité citoyenne). L’effet immédiat chez le spectateur est ici l’éclat de rire à chaque tour de manège effectué.

Tragédie ou comédie, le point commun entre ces deux films est la force narrative dégagée par le mélange d’image réelle et animation, et l’effet incontestable qui en découle sur le ressenti du spectateur.

Bande annonce de The Centrifuge Brain Project disponible sur :
http://slamdance.bside.com/2012/films/thecentrifugebrainproject_tillnowak_slamdance2012
 




Court entretien avec… Ülo Pikkov*

1. Quel(s) court(s) métrage(s) vous ont donné envie de travailler dans ce domaine ?

Pas mal de noms me viennent en tête, je dois réfléchir un peu. Je pense surtout à des réalisateurs comme le Tchèque Jan Svankmajer, il a fait beaucoup de courts surréalistes dans les années 60 et il continue encore aujourd’hui. Il a toujours été à la frontière du film d’art et je trouve la narration de ses films très intéressante. Je citerais aussi les frères Quay et le polonais Jerzy Kucia.


2. Quand les avez-vous vus pour la première fois ?

Dans des festivals. J’ai aussi fait une école de cinéma, leur librairie me permettait de visionner des films.


3. Quelle est l’instant, dans votre activité actuelle, où vous ressentez le même effet, le même plaisir que la première fois où vous avez vu ces courts métrages ?

J’enseigne aussi l’animation à l’académie des arts en Estonie. Je fais des cours sur l’histoire de l’animation, la théorie et la technique, je supervise certains projets. Je retrouve donc le même plaisir lorsque je montre ces courts métrages à mes élèves.


Questions bonus…

Comptez-vous réaliser autre chose que des films d’animation ?

L’animation m’inspire beaucoup, j’ai écrit des livres illustrés, j’ai aussi fait des illustrations pour d’autres livres. Je pense que chaque réalisateur rêve de faire des films live mais je ne suis pas prêt pour le moment. En ce moment le documentaire animé est très à la mode et je trouve cette tendance très intéressante.

Vous sentez-vous proche de certains réalisateurs ?

Je ne sais pas… Peut être les réalisateurs d’Europe de l’Est, nous portons le même background culturel donc j’imagine que nous partageons certains points communs.

Un aspect très critique envers la société peut être ? Je pense surtout à Year of the monkey.

Oui, ce court était une sorte de critique social mais je nous vois plus comme des réalisateurs intéressés par l’absurde et la transformation des formes.

(Propos recueillis par A.H)

*Réalisateur, son dernier court métrage Keha mälu ( Estonia – 2011 – Animation/Experimental – 9′) est en sélection internationale à Clermont Ferrand 2012. Plus d’infos sur : http://www.clermont-filmfest.com/index.php?m=205&c=4&o=&id_pers=100003517

Clermont-Ferrand : Jour 5


Partager:

Twitter Facebook

Lire aussi